Paris (awp/afp) - Une bonne surprise de plus pour le gouvernement: la France a enregistré au premier trimestre une croissance supérieure aux attentes, à 0,5%, laissant entrevoir à un an de la présidentielle une embellie économique, après les bons chiffres du chômage publiés mardi.

Selon une première estimation publiée vendredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l'activité a accéléré sur les trois premiers mois de l'année, gagnant 0,2 point par rapport au dernier trimestre 2015 (+0,3%).

Elle s'établit ainsi à un niveau supérieur aux dernières prévisions de l'Insee, mais aussi de la Banque de France et des économistes interrogés par le fournisseur de données financières Factset, qui tablaient tous sur une croissance de 0,4% du produit intérieur brut au premier trimestre.

"Notre action porte ses fruits, nous la poursuivrons avec détermination dans les prochains mois", s'est réjoui le ministre des Finances Michel Sapin. "C'est une croissance solide qui est enclenchée", a-t-il ajouté.

Ce bon résultat, néanmoins inférieur au chiffre de la zone euro (+0,6%), s'explique principalement selon l'Insee par un rebond de la consommation des ménages, qui a augmenté de 1,2% au premier trimestre, soit sa plus forte hausse depuis fin 2004.

Lors des trois derniers mois de 2015, marqués par les attentats de Paris, les dépenses de consommation des ménages en biens, moteur traditionnel de la croissance en France, avaient reculé de 0,1%.

La hausse du produit intérieur brut est également due à l'accélération des investissements, en progression de 0,9% pour l'ensemble des acteurs économiques et de 1,6% pour les seules entreprises.

Selon l'Insee, la demande intérieure a été le principal contributeur à la croissance (+0,9 point), le commerce extérieur ayant quant à lui tiré l'activité à la baisse (-0,2 point), en raison d'un léger repli des exportations (-0,2% après +1,0% fin 2015).

- "tenir les objectifs" -

"Ca va mieux. Tout simplement parce que les chiffres commencent les uns après les autres à s'entraîner dans la bonne direction", a réagi sur Public Sénat Bruno Le Roux, chef des députés socialistes, en écho aux propos de François Hollande voilà deux semaines.

Lors d'une intervention télévisée, le chef de l'Etat avait lui aussi assuré que la France allait "mieux". "Il y a plus de croissance, il y a moins de déficits, il y a moins d'impôts", avait détaillé M. Hollande, suscitant des vives critiques de l'opposition.

Le chiffre de la croissance fait suite à plusieurs bonnes nouvelles annoncées cette semaine. Selon le ministère du Travail, le chômage a ainsi reculé de 1,7% en mars, à 3,53 millions de demandeurs d'emploi, soit sa plus forte baisse depuis septembre 2000.

Le nombre de défaillances d'entreprises a pour sa part baissé de 10,1% au premier trimestre, tandis que les mises en chantier de logements neufs ont progressé de 3% sur un an. L'économie française devrait en outre bénéficier de la mégacommande de 12 sous-marins décrochée par le groupe de construction navale DCNS en Australie.

"Il y a une série de signaux favorables. On est dans une logique de croissance plus robuste, qui aura des conséquences positives sur le marché du travail", estime ainsi Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis.

La France bénéficie en effet depuis 2015 d'un environnement positif, comme le faible prix du pétrole et des taux d'intérêt historiquement bas, qui stimulent la consommation. "Cela devrait permettre de tenir les objectifs", estime-t-il.

Le gouvernement table sur une croissance de 1,5% cette année. Un chiffre plus optimiste que celui de la Commission européenne, qui parie sur 1,3%, et que celui du FMI, qui a abaissé mi-avril sa prévision à 1,1%, du fait du ralentissement de l'économie mondiale.

Selon Bercy, "l'acquis de croissance" pour 2016, autrement dit la progression du PIB en cas de croissance nulle sur le reste de l'année, est déjà de 1% à l'issue du 1er trimestre, "ce qui signifie qu'avec moins de 0,4% de croissance chaque trimestre, l'objectif de 1,5% sur l'année sera atteint".

Pour Clemente de Lucia, économiste chez BNP Paribas, la croissance devrait toutefois être "plus modérée" au deuxième trimestre, le gain de pouvoir d'achat provoqué par le faible prix du pétrole étant "amené à s'estomper".

afp/rp