"Ça va mieux", a-t-il dit, reprenant le leitmotiv de François Hollande et du gouvernement français depuis quelques jours. "Ça ne va pas assez bien, la croissance n'est pas suffisante pour régler les problèmes de la France."

"La croissance aujourd'hui est soutenue essentiellement par la politique monétaire (...), y compris la baisse de l'euro qui en fait partie, et par la baisse du pétrole", a-t-il poursuivi. "Aucun de ces deux moteurs n'est durable (...) cette croissance ne durera pas s'il n'y a pas de réformes."

Il a estimé que le projet de loi contesté réformant le marché du travail, dont les députés entament l'examen mardi, allait "dans la bonne direction" mais arrivait "un peu tard".

"Est-ce qu'il est suffisant ? Non. Mais je pense que c'est bien d'indiquer la direction. Mieux vaut tard que jamais."

Selon le quotidien économique Les Echos, François Hollande serait tenté de procéder à une nouvelle baisse des impôts pour les ménages avant l'élection présidentielle de 2017.

Pour Benoît Coeuré, ce peut être une "bonne idée" à condition de "baisser les bons impôts", ceux qui permettent de soutenir la croissance et l'emploi, et que cela ne se solde pas par une augmentation des déficits publics.

"La dette française est de 96% de PIB (...) Ce n'est pas le moment d'interrompre le désendettement."

S'il y a baisse d'impôt, il faudra donc qu'elle soit gagée par une baisse de la dépense, insisté Benoît Coeuré.

Il a défendu la politique monétaire de la BCE, tout en admettant que cela prendrait du temps concernant l'inflation.

"On veut que l'inflation remonte vers 2%", a-t-il dit. "On pense qu'en 2018 (...) l'inflation sera de 1,6% (...). D'ici là, notamment sur l'année 2016, l'inflation va rester autour de zéro, voire même peut-être rester négative."

Benoît Coeuré a par ailleurs souhaité que les Britanniques décident lors de leur référendum sur l'Union européenne, le 23 juin, de rester dans l'UE pour éviter une période d'incertitudes préjudiciables à l'Europe.

"C'est une crise dont on se serait bien passé. L'Europe a suffisamment de problème pour ne pas avoir ce problème-là en plus à gérer", a-t-il dit.

"Ça a le potentiel de créer beaucoup d'incertitude pendant une période assez longue, qui sera toute la période où il faudra négocier le nouveau régime, le nouveau mode de cohabitation des Britanniques avec le reste de l'Europe", a-t-il ajouté. "C'est pour ça qu'à titre personnel je souhaite qu'ils restent."

Il a en revanche dit qu'il n'était pas "fondamentalement inquiet" par l'avenir de la Grèce au sein de la zone euro.

"Il reste une discussion sur la trajectoire budgétaire en Grèce et la manière dont il faut alléger la dette grecque. C'est une discussion compliquée", a-t-il dit. "Mais fondamentalement, je pense que la Grèce va rester dans l'Europe et que cet allègement de dette aura lieu parce que la Grèce en a besoin."

(Emmanuel Jarry, édité par Jean-Michel Bélot)