"Après le rebond estival êtes-vous plutôt optimiste ou prudent pour les actions, en particulier européennes, d'ici la fin de l'année ?
D’après nous, la hausse des marchés actions, que nous avons vue cet été, s’explique surtout par une nouvelle baisse des taux d’intérêts. Il s’agit d’effets qui relèvent de la mécanique financière et fiscale plutôt que d’une hausse des marchés soutenue par une véritable croissance du chiffre d’affaires ou des bénéfices. L’économie mondiale souffre d’une faible croissance, de tendances déflationnistes, d’un endettement pesant ainsi que d’une faible productivité. En outre, elle se voit confrontée à une série de risques potentiels, citons par exemple le Brexit, qui se sont bel et bien réalisés. Même si beaucoup d’entreprises se sont bien adaptées à cet environnement compliqué et ont su défendre leur rentabilité, nous observons pourtant globalement peu de croissance au niveau des bénéfices. Par ailleurs, ce sont les marchés actions des pays dont la monnaie a dernièrement connu un affaiblissement, qui ont performé le mieux, comme par exemple au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Tandis qu’après cinq ans de sous-performance, les marchés émergents ont profité quant à eux de leur faible valorisation comme point de départ ainsi que d’une légère hausse du prix des matières premières. Comme la plupart des acteurs de marché avaient pris un positionnement extrêmement prudent avant l’été et que les actions restent incontournables dans un contexte de taux toujours très bas, une poursuite de la hausse malgré des fondamentaux mitigés reste cependant tout à fait possible.

L'élection présidentielle américaine peut-elle faire remonter la volatilité?
A priori non. Les derniers sondages de la candidate démocrate Hillary Clinton montrent une marge assez confortable sur son rival Donald Trump qui ne semble pas avoir réussi à fédérer tout le camp républicain derrière ses idées farfelues. Mais Clinton pourrait être menacée par son affaire « e-mails ». Je crois que l’élection n’aurait d’effets sur la volatilité que si Trump l’emportait puisqu’il y aurait par exemple immédiatement un changement à la tête de la Fed.

Quelle est l'allocation d'actifs d'Ethenea pour les prochains mois (actions/obligations/cash...) ?

Ethna-DEFENSIV, pour lequel je suis à la tête de l’orientation stratégique, est un fonds diversifié avec focus obligations et une volonté claire de maintenir la volatilité du fonds très bas. La poche actions peut s’élever à 10 % au maximum. Les marchés actions étant valorisés dans le haut de la fourchette historique, l’approche est plutôt « défensive » avec une allocation d’environ 2-3 % actuellement. Poussés par une politique monétaire expansive et des taux négatifs, les cours des titres obligataires sont de manière générale élevés pour le moment, et donc nous faisons preuve de beaucoup de prudence et de sélectivité dans nos in¬vestissements en obligations, afin d’éviter certains titres qui nous paraissent surévalués. Cependant, nous sommes toujours prêts à saisir des occasions intéressantes. Ainsi, notre part en obligations High-Yield a été augmentée légèrement avec un focus spécial sur la qualité des entreprises dans lesquelles nous avons investi. Nous avons quelque peu renforcé notre position acheteuse sur l’USD en juillet. En effet, la possibilité d’une appréciation de la devise est toujours présente dans l’hypothèse où la Fed venait à relever ses taux plus rapidement qu’escompté par les marchés financiers. Nous avons également initié de légères positions sur la livre sterling (GBP) afin d’obtenir une plus grande diversification.

Quels secteurs et/ou valeurs privilégiez-vous ?

Nous nous concentrons sur les secteurs défensifs tels que la consommation, la santé ou la technologie. Nous trouvons notamment des opportunités d'investissement dans des obligations de qualité US émis par des sociétés de renom. Globalement, les obligations d’entreprises et d’État américaines présentent un profil rendement/risque plus attractif par rapport à leurs homologues européens. En outre, leur risque de crédit est également mieux rémunéré pour des entreprises similaires. Le marché obligataire en USD, qui affiche des rendements positifs, est l’un des derniers bastions d’une apparente rationalité. Toutefois, nous sommes également d’avis que, tôt ou tard, les taux des bons du Trésor américain à 10 ans reculeront davantage, en raison notamment de de la quête des investisseurs des derniers rendements positifs restants ainsi qu’en raison de la difficulté de la Réserve Fédérale à pouvoir relever ses taux plus d’une fois (voire pas du tout) cette année.

Comment expliquez-vous le rebond de la bourse de Londres depuis le referendum et ce rebond peut-il durer?

Le rebond de la bourse de Londres quoique quelque peu surprenant dans son ampleur, s’explique avant tout par la chute vertigineuse de presque 15 % de la livre sterling. Ceci implique un gain de productivité ou de compétitivité immédiat pour l’économie et donc pour les entreprises anglaises. De surcroît, à part une correction prononcée sur la valeur de l’immobilier, la plupart des données économiques provenant de l’Angleterre montrent une économie qui n’a pas trop fléchi.
"