LE CAIRE, 3 mai (Reuters) - Les autorités égyptiennes se servent de l'appareil judiciaire pour museler la presse, accuse dimanche Amnesty International dans un rapport qui dresse la liste de 18 journalistes incarcérés et de dizaines d'autres poursuivis devant les tribunaux.

Plusieurs journalistes ont été placés en détention pour de longues périodes sans avoir été inculpés ni jugés. Parmi eux figure un photographe égyptien appelé Chaoukan, détenu depuis plus de 600 jours, écrit Amnesty.

Les organisations de défense des droits de l'homme estiment que la répression engagée par le gouvernement du président Abdel Fattah al Sissi après le renversement du président Mohamed Morsi en juillet 2013 a muselé la liberté d'expression.

"Aujourd'hui en Egypte, celui qui conteste le discours officiel des autorités, critique le gouvernement ou fait état de violations des droits de l'homme risque d'être jeté en prison, souvent pour une durée indéterminée, sans inculpation ni procès, ou pour répondre d'accusations forgées de toutes pièces", écrit Amnesty International.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a réagi au rapport en déclarant que les journalistes en question avaient été placés en détention sur la base de mandats d'arrêt lancés par le parquet et avaient bénéficié d'un procès en bonne et due forme.

"Nul n'est visé parce qu'il est journaliste. De telles accusations sont des absurdités à visée politique", a estimé Badr Abdelatty, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Entre autres incidents cités dans le rapport d'Amnesty, les peines de 25 ans de prison rendues contre 14 journalistes en avril pour propagation de fausses nouvelles et incitation à la violence. Les prévenus peuvent faire appel.

Dans une autre affaire, cinq journalistes du journal Al Masry Al Youm sont sous le coup d'une enquête criminelle après avoir accusé les forces de sécurité de corruption et de violation des droits de l'homme.

Un photojournaliste, arrêté lors d'une manifestation au Caire en décembre 2013, a été détenu pendant plus d'un an et demi avant d'être inculpé et, au bout du compte, acquitté la semaine dernière. (Stephen Kalin; Eric Faye pour le service français)