La devise britannique a reculé jusqu'à 1,1983 dollar en Asie, en repli de 1,5%, tombant à son plus bas niveau depuis le "flash crash" du 7 octobre quand elle avait perdu 10% de sa valeur en quelques minutes. Hormis cet accident, il s'agit de son niveau le plus bas depuis mai 1985.

La livre est ensuite remontée pour se traiter autour de 1,20 dollar en milieu de journée en Europe, en baisse de plus de 1%.

L'euro de son côté a pris jusqu'à 1,5% face à la livre, à un plus haut de deux mois de 88,53 pence, avant de refluer vers 87,75 (+0,7%).

Le yen, profitant de son statut de valeur refuge, a quant a lui pris jusqu'à 2,3% à 136,48 pour un sterling, là aussi un pic de deux mois, et il conservait un gain de 1,4% à mi-séance en Europe.

Le marché, disent des cambistes, réagit à des articles de presse selon lesquels Theresa May, qui s'exprimera mardi devant un parterre de diplomates à Londres, donnera la priorité à la maîtrise de l'immigration et à la création de relations commerciales bilatérales dans le cadre du Brexit. Une porte-parole de la Première ministre a qualifié ces informations de spéculations.

"A chaque fois que la presse évoque un 'hard Brexit', on assiste à un mouvement de vente du sterling", constate Lee Hardman, analyste change chez MUFG à Londres. "Il est pratiquement impossible d'imaginer que l'Europe permettre au Royaume-Uni de rester un membre à part entière du marché unique s'il veut par ailleurs reprendre le contrôle de ses frontières et conclure ses propres accords."

Les informations sorties dans la presse n'apportent toutefois pas de nouveaux éléments, le gouvernement de Theresa May ayant toujours donné la priorité à la maîtrise de l'immigration, ce qui explique que la livre n'ait pas reculé davantage après l'ouverture du marché londonien, ajoute-t-il.

Les marchés américains sont fermés lundi pour le Martin Luther King, ce qui réduit les volumes en Europe et aurait pu amplifier la baisse de la livre comme cela avait été le cas du "flash crash" en Asie à l'automne dernier.

Richard Cochinos, responsable de la stratégie de changes du G10 chez Citi à Londres, rappelle que le Royaume-Uni est fortement tributaire des capitaux étrangers en raison de ses déficits courant et budgétaire. Plus les investisseurs éprouvent de l'incertitude quant à la place future de la Grande-Bretagne en Europe, moins il y aura d'investissements vers ce pays, ce qui explique selon lui la baisse du sterling.

Theresa May entend activer d'ici fin mars l'Article 50 du Traité de Maastricht, ce qui déclenchera formellement le processus de négociations.

(Jemima Kelly, Véronique Tison pour le service français)