Quand approche la fin de l'année, les gérants deviennent fatalistes, nerveux, impatients, constate Nathalie Renson, Directeur Général de Primonial AM. Les interrogations concernent bien évidemment l'année à venir. Comment les données macroéconomiques vont-elles impacter les marchés ? Les données économiques ne marquent pas de rupture entre décembre et janvier : prix du pétrole, l'absence d'inflation, la parité euro/dollar US, les taux d'intérêt, les devises émergentes, indique Nathalie Renson.

La baisse du prix du Brent sur des niveaux proches de 70 dollars le baril, est favorable aux pays importateurs et aux entreprises qui y sont localisées. Les coûts de transport et les coûts de production vont diminuer, donnant ainsi un regain de compétitivité aux entreprises, souligne le Directeur Général de Primonial AM.

Ainsi, les compagnies européennes vont rapidement en profiter. Cela vient s'ajouter à la baisse de l'euro contre dollar. Les ménages européens vont aussi constater un repli du prix du litre à la pompe à essence et un allègement de leur facture de chauffage. A noter toutefois que la hausse du dollar minimise la baisse du prix du baril.

Mais cette baisse du coût de l'énergie est aussi synonyme d'une désinflation plus importante pour les prochains mois, souligne Nathalie Renson. En ce sens, Mario Draghi, le 4 décembre, a clairement précisé que cet impact pourrait conduire la BCE à envisager d'autres mesures d'accompagnement de la politique monétaire.

Mais cette désinflation touchera aussi d'autres pays importateurs, notamment en Asie; poursuit l'expert. Les banques centrales bénéficieront ainsi d'une plus grande marge de manoeuvre pour baisser les taux d'intérêt si besoin : Inde, Corée, Singapour, Thaïlande, Europe de l'Est. En revanche, les pays exportateurs tels que ceux de la Péninsule Arabique, l'Amérique Latine sont impactés négativement.

Ainsi, en 2015 explique Nathalie Renson, il conviendra d'être sélectif dans les investissements « marché émergent ». Même au sein des marchés dits « frontière », le choix devra être affiné.

Aux Etats-Unis, la lecture que feront les marchés de la politique de la Fed conditionnera la vitesse de remontée des taux longs. L'Amérique jouera encore son rôle de locomotive de l'économie mondiale. Primonial AM sera encore investi sur les marchés américains, tant en actions qu'en dettes, jusqu'à tant que la Fed remonte ses taux.

Enfin, sur l'Europe, si la BCE procède à une politique monétaire accommodante, l'impact macroéconomique devrait se ressentir positivement. Les entreprises européennes devraient profiter de l'allégement de la facture énergétique. Si la microéconomie se réconcilie avec la macroéconomie, alors la société de gestion pourrait remonter l'exposition à l'Europe dans ses portefeuilles.

En 2015, elle anticipe encore des perturbations liées aux attentes concernant les politiques des banques centrales. L'absence de rendement sur le marché obligataire européen devra être compensée par d'autres moteurs de performance. La remontée des taux sur le marché américain contraindra les investisseurs à se positionner différemment, entraînant des rotations d'actifs et des mouvements de flux importants. La météo ne sera pas forcément plus clémente en 2015.