Que veulent les investisseurs à l'approche de l'automne 2023 ? C'est simple, ils veulent qu'on leur rende les années 2009-2021. Ils rêvent de taux d'intérêts faibles, d'inflation inférieure à 2% et de croissance économique. Le tout simultanément. C'était la normalité pendant plus d'une décennie. Le problème, c'est que tout a changé l'année dernière et que revenir à de telles conditions nécessite un pilotage rigoureux et éminemment casse-gueule des différents leviers existants. Si tant est d'ailleurs que de telles conditions puissent se répéter aussi vite, mais c'est une autre histoire. Le boulot de rééquilibrage échoit principalement aux banques centrales. Et parmi elles, c'est la représentante américaine qui donne le tempo. Avec une nouvelle mise à jour attendue ce soir à 20h00.

La Fed en est au stade où elle est à la fois proche de juguler l'inflation, proche d'achever ses hausses de taux et proche de mettre l'économie américaine à genoux. C'est la période la plus sensible. Dans les faits, la banque centrale semble (un peu) plus proche de juguler l'inflation que de détruire la croissance économique, mais elle évolue sur la ligne de crête. Une rafale soutenue, par exemple une flambée des prix pétroliers, pourrait menacer son équilibre. Ce soir, la Fed annoncera très probablement que son taux directeur va rester inchangé dans la fourchette 5,25 à 5,50% (le taux effectif du jour est de 5,33%, selon les données de la Fed de New York) tout en prévenant que le risque inflationniste reste présent, ce qui en d'autres termes signifie qu'il peut y avoir, à l'avenir, un autre tour de vis. Ou plus, mais cela risquerait de faire entrer les marchés financiers en dépression et l'économie en récession. Donc le discours devrait être centré sur "on fait une pause et on regarde, mais on n'a pas totalement renoncé à une dernière hausse de taux si elle s’avérait nécessaire".

Mais au-delà des mots, dont le poids n'est plus à prouver, les investisseurs auront aussi à disposition un indicateur plus matériel, le "graphique en points de la Fed", dot-plot en anglais. Il recense l'opinion des 18 membres du comité de politique monétaire de la banque centrale en réponse à une question qui serait du genre "à quel niveau seront les taux directeurs à la fin de cette année, à là fin de l'année prochaine, à la fin de l'année suivante et à moyen terme". Ce tableau (c'est le graphique 2 du Résumé des projections économiques, un document publié toutes les deux réunions) donne une idée du sentiment général au moment de la réunion, mais permet aussi de voir ce qui a changé depuis le précédent dot-plot. Par exemple, si les banquiers centraux sont plus tendus ou plus sereins. S'ils ont changé d'avis. Qui a mangé le dernier donut apporté par Jerome pour son anniversaire. S'ils voient les taux rester élevés plus ou moins longtemps. Les données permettent aussi de spéculer sur le moment où les taux changeront de direction.

Les marchés actions ont réfréné leur ardeur ces derniers jours dans l'attente de cette annonce de la Fed. Ils ne croient pas trop à une poursuite du resserrement monétaire, mais ils ne sont pas totalement à l'aise avec l'idée de prendre le risque d'ouvrir les vannes acheteuses en grand. La remontée du rendement de la dette américaine sur 10 ans à 4,36% hier, un record depuis 2007, contribue à leur imposer la prudence. L'enjeu est concentré sur la durée du maintien de taux à haut niveau. Plus c'est long, moins c'est bon pour les investisseurs en actions. Et plus c'est long, plus la Fed sait qu'elle risque d'endommager l'économie. On en revient à marcher sur une ligne de crête, une corde raide ou toute autre image de ce type. Les optimistes pensent que Jerome Powell est un funambule. Les pessimistes pensent que sa mission actuelle revient à résoudre la quadrature du cercle. D'ailleurs si vous connaissez l'anagramme de cette expression, vous avez peut-être déjà un biais sur l'action des banques centrales !

Pour patienter jusqu'à la décision de politique monétaire de la Fed (20h00) et le discours de Powell (20h30), les investisseurs pourront commenter l'inflation britannique d'août (8h00), à la veille de la réunion de la Banque d'Angleterre. La fièvre des IPO ne se dément pas aux Etats-Unis, où Instacart a flambé de 40% en séance après son entrée en bourse, pour terminer en hausse de 12% à 33,70 USD. Une belle entrée en matière, enfin sauf pour ceux qui ont acheté au plus haut de la séance et qui ont déjà perdu 20% de leur mise. C'est un peu le même tarif que pour Arm Holdings, arrivé la semaine dernière : l'action a reperdu 20% sur ses plus hauts, mais reste en hausse de 8% sur son prix d'IPO. Klaviyo suivra aujourd'hui. La société spécialisée dans les solutions d'automatisation du marketing avait réussi à placer ses titres au-dessus de la fourchette annoncée initialement, signe d'une demande élevée.

Pas d'embellie de milieu de semaine en Asie Pacifique. Toutes les places évoluent en baisse de 0,3 à 1% en milieu ou en fin de parcours. En Chine, l'électroencéphalogramme plat de la croissance et des mesures de relance laisse les indices en berne. Le rebond esquissé entre la mi-août et le début du mois de septembre est en train de se dégonfler. Le Hang Seng revient à portée de ses planchers annuels. Les indicateurs avancés sont attentistes en Europe. Le CAC40 grappillait 0,06% à 7287 points à l'ouverture. Le SMI, plus fringant, affichait 0,43% de hausse à 11 115 points.

Les temps forts économiques du jour

L'inflation britannique d'août est publiée à 8h00. Tout le monde attend donc la décision de la Fed sur ses taux à 20h00 et la conférence de présentation de la décision à 20h30. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0684 USD. L'once d'or se stabilise autour de 1930 USD. Le pétrole a perdu du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 93,44 USD le baril et un brut léger américain WTI à 89,70 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans monte à 4,36%. Le bitcoin s'échange 27 120 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Airbus : Société Générale maintient sa recommandation à l'achat avec un objectif de cours relevé de 152 à 153 EUR.
  • Alpha Services : JP Morgan maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours relevé de 2 à 2,20 EUR.
  • ASML : Société Générale maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 660 EUR à 605 EUR.
  • Centrica : JP Morgan maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours relevé de 170 à 190 GBX.
  • Clariant : Jefferies passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 15 CHF à 17 CHF.
  • Compagnie Financière Richemont : Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat et abaisse l'objectif de cours de 170 CHF à 165 CHF.
  • Computacenter : HSBC démarre le suivi à l'achat avec un objectif de cours de 3015 GBX.
  • Dassault Aviation : Société Générale maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 204 à 211 EUR.
  • Drax : JP Morgan maintient sa recommandation surpondérer avec un objectif de cours réduit de 875 à 830 GBX.
  • Electrolux : SEB Bank maintient sa recommandation à l'achat avec un objectif de cours réduit de 165 SEK à 145 SEK.
  • Entain : Barclays maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 1450 à 1520 GBX.
  • Flutter : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 15 500 à 16 000 GBp.
  • Fraport : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 68 à 70 EUR.
  • Geberit : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre.
  • Hugo Boss : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 80 EUR.
  • Kering : Deutsche Bank maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 560 à 70 EUR. Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 500 EUR.
  • Kingfisher : Morningstar maintient sa recommandation à l'achat avec un objectif de cours réduit de 310 à 290 GBX.
  • Leonardo : Société Générale passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 12,90 EUR à 15,60 EUR.
  • LVMH : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 780 EUR.
  • Moncler : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 75 EUR à 64 EUR.
  • MTU Aero Engines : Société Générale maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours réduit de 211 EUR à 180 EUR.
  • Ocado : RBC Capital maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 460 à 500 GBX.
  • Repsol : Morgan Stanley maintient sa recommandation à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 17 à 18,30 EUR.
  • Rolls-Royce : Société Générale maintient sa recommandation à conserver avec un objectif de cours relevé de 207 à 241 GBX.
  • Safran : Société Générale maintient sa recommandation à l'achat avec un objectif de cours relevé de 178 à 181 EUR.
  • Société Générale : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 33 EUR à 32 EUR.
  • Softcat : HSBC démarre le suivi à conserver en visant 1580 GBX.
  • Swatch Group : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 260 CHF.
  • Telia : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 25 SEK.
  • Thales : Société Générale passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 155 EUR à 144 EUR.
  • TotalEnergies : HSBC maintient sa recommandation à l'achat avec un objectif de cours relevé de 61,40 à 69,30 EUR.
  • WPP : BNP Paribas Exane passe de surperformance à neutre avec un objectif de cours réduit de 1050 GBX à 840 GBX.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Débuts en fanfare pour Instacart à Wall Street : +12%, mais après +40% en séance.
  • Moderna met fin à la production de son vaccin sur le site de Lonza à Viège.
  • Philip Morris remet en question son pari de 2 Mds$ sur les médicaments en étudiant la mise en vente de sa division dédiée, selon le WSJ.
  • Walt Disney prévoit d'investir 60 Mds$ dans sa division parcs, expériences et produits sur 10 ans, ce qui n'a pas l'air de plaire au marché.
  • Ford évite la grève au Canada grâce à un accord syndical.
  • Boeing revoit légèrement à la hausse ses prévisions de demande pour la Chine sur 20 ans.
  • SoftBank devrait recevoir 5,1 Mds$ de l'introduction en bourse réussie d'Arm Holdings aux Etats-Unis.
  • Intel lancera les puces "Core Ultra Meteor Lake" en décembre.
  • AstraZeneca achète pour 1 milliard de dollars le portefeuille de thérapies géniques de Pfizer pour les maladies rares.
  • Ryanair fait l'objet d'une nouvelle enquête antitrust en Italie.
  • Uber, DoorDash et Grubhub ont le droit de contester en justice les frais de livraison de la ville de New York, selon un juge américain.
  • Talanx lance une augmentation de capital de 300 M€.
  • Swedish Orphan récupère 6 milliards de couronnes de son augmentation de capital.
  • Les principales publications du jour : Fedex, General Mills, Raymond James, BâloiseTout l'agenda ici.

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