Bien sûr, le niveau de l'euro n'a officiellement jamais fait partie de la politique de la BCE, rappelle François Jubin, président de WiseAM. Officieusement, la montée de la monnaie unique est-elle toutefois susceptible d'impacter les décisions des banquiers centraux de l'euroland en cette année 2018 ? L'euro vient en effet de s'apprécier de 20% depuis le 1er janvier 2017 face au dollar. La tendance reste d'ailleurs solide en ce début 2018, observe le président.

"On a vu la semaine dernière que Mario Draghi s'évertuait à ne pas se montrer trop offensif dans son discours une perspective de normalisation monétaire trop agressive encrerait un peu plus les anticipations de remontée des taux, facteur ô combien haussier pour la parité EUR/USD", souligne François Jubin. Forcément poursuit-il, le scénario plutôt clair des dernières semaines devient plus flou: la banque centrale décidera-t-elle en septembre prochain un arrêt brutal de sa politique expansionniste?

Compte tenu de ces mouvements importants sur le marché des changes, la réunion du mois de mars s'annonce très attendue par les investisseurs: la BCE publiera en effet ses nouvelles prévisions de croissance... et d'inflation (qui détermine comme chacun sait la politique monétaire...).

Pour le moment, indique le président de WiseAM, les mouvements sur le change impactent à la marge le consensus des analystes sur la saison des résultats en cours. Il reste difficile de jauger en amont la politique de couverture menée par les plus grandes sociétés. Ceci étant dit, précise François Jubin, certaines analyses estiment tout de même qu'une remontée de la parité à 1,35 ferait passer la croissance des BNPA de 8%... à 0% sur les actions européennes.

Heureusement conclut-il, le marché sous-estime probablement l'impact potentiel positif de la réforme fiscale américaine sur les sociétés européennes qui réalisent une grande partie de leur chiffre d'affaires outre-Atlantique. A suivre...