Le produit intérieur brut (PIB) devrait se contracter d'environ 0,3% sur la période avril-juin, a annoncé lundi le ministre de l'Economie, Luis de Guindos.

Cette perspective, à laquelle s'ajoute un chômage record et une envolée des créances douteuses des banques, a conduit certains observateurs à conclure que l'Espagne pourrait être contrainte de faire appel à une aide extérieure, ce qui donnerait une nouvelle dimension à la crise de la zone euro.

Le président du gouvernement, Mariano Rajoy, a déclaré dimanche à la chancelière allemande, Angela Merkel, que les banques espagnoles n'avaient pas besoin d'un soutien externe.

Son gouvernement a choisi lundi les cabinets de conseil Oliver Wyman et Roland Berger pour procéder à un audit des banques.

A charge pour eux de soumettre d'ici fin juin l'ensemble du secteur à des tests de résistance avant de déterminer si l'Etat doit apporter des capitaux frais à certains établissements, après quatre plans de restructuration incapables de restaurer la confiance des investisseurs.

Parallèlement, le gouvernement devra désigner d'ici fin mai trois auditeurs indépendants pour étudier au cas par cas la situation des banques. Les résultats de l'exercice seront rendus publics dans un délai de deux mois, a précisé le ministère.

Dans l'intervalle il est peu probable que l'activité économique contribue à éclaircir l'horizon du secteur.

"Nous observons que le deuxième trimestre aura un comportement relativement similaire à celui du premier trimestre", au cours duquel l'activité s'est contractée de 0,3%, a dit Luis de Guindos lors d'une conférence à Madrid.

Vendredi, le gouvernement a annoncé avoir revu à la hausse le déficit public 2011 en raison de la révision des comptes de trois régions.

RAMENER LE DÉFICIT DE 8,9% À 5,3% EN UN AN

Eurostat, l'agence des statistiques de l'Union européenne, enverra la semaine prochaine une mission à Madrid pour vérifier les chiffres.

"Ils vont tenter d'obtenir des éclaircissements (...) et de voir comment on peut en tirer des leçons pour améliorer les choses à l'avenir", a expliqué une porte-parole de l'exécutif européen.

Luis De Guindos a assuré que les 17 régions autonomes et l'administration centrale avaient pris un engagement ferme pour atteindre leur objectif de réduction de déficit cette année.

"Pour la première fois depuis plusieurs années, il y a un engagement des régions autonomes et de l'administration centrale pour corriger leur déficit public", a dit Luis de Guindos.

Le ministre du Budget, Cristobal Montoro, a également indiqué lundi que les 17 régions autonomes d'Espagne considéraient toutes que la réduction des déficits était une priorité alors que le pays a besoin de convaincre les investisseurs sur sa capacité à maîtriser ses finances publiques.

"Il n'y a pas d'autre voie pour l'Espagne que celle de réduire ses déficits", a-t-il dit lors d'une conférence à Madrid.

"Les régions comprennent que la réduction des déficits est une priorité et la réunion de la semaine dernière a montré qu'elles s'y étaient tous engagées", a ajouté Cristobal Montoro.

Selon le gouvernement, les régions se sont engagées à réduire leurs dépenses de 13 milliards d'euros tout en augmentant leurs recettes de cinq milliards.

Au total, Madrid prévoit de ramener son déficit à 5,3% du PIB cette année, contre 8,9% en 2011 selon les chiffres révisés vendredi.

Avec Robert Hetz à Madrid et Robin Emmott à Bruxelles, Blandine Hénault et Marc Angrand pour le service français, édité par Natalie Huet

par Julien Toyer et Nigel Davies