(Propos du Premier ministre, contexte et détails)

ANKARA, 10 décembre (Reuters) - Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie a transmis samedi au Parlement un projet de réforme de la Constitution visant à renforcer la fonction présidentielle.

La réforme, que le président Recep Tayyip Erdogan prône de longue date, établirait un régime présidentiel fort, calqué sur la France ou les Etats-Unis.

Un régime à même, selon le président Erdogan, de protéger la Turquie de l'instabilité politique.

Ses détracteurs craignent qu'un tel changement de régime n'aboutisse à concentrer trop de pouvoir entre les mains du chef de l'Etat, déjà accusé de dérive autocratique.

La réforme lui permettrait théoriquement de rester au pouvoir jusqu'en 2029, s'il gagnait le scrutin présidentiel prévu en 2019 et était réélu cinq ans plus tard.

Le Premier ministre, Binali Yildirim, a estimé samedi que les changements envisagés sonneraient le glas des gouvernements de coalition en Turquie. "Il n'y aura plus qu'un exécutif fort", a-t-il dit à la presse.

Pour être adoptée, une modification de la Constitution doit être votée par au moins 330 députés sur les 550 que compte la Grande Assemblée nationale turque, le Parlement monocaméral.

Les 316 députés de l'AKP devraient y recevoir le soutien suffisant des 39 élus du Parti d'action nationaliste (MHP, opposition d'extrême droite).

La réforme, qui inclut des modifications aux structures des systèmes judiciaire et sécuritaire, sera ensuite soumise à référendum. (Tuvan Gumrukcu et Ercan Gurses, Henri-Pierre André et Gilles Trequesser pour le service français)