NEW YORK, 7 mars (Reuters) - Le moment est venu pour les puissances occidentales, qui réclament la démission de Bachar al Assad depuis 2011, de reconnaître qu'il reste un interlocuteur incontournable, a estimé vendredi l'ambassadeur de Syrie à l'Onu à la veille du quatrième anniversaire du conflit.

"Nous ne voulons pas d'un vide du pouvoir qui pourrait semer le chaos comme en Libye, en Irak et (...) en Afghanistan", a souligné Bachar Djaafari, assurant que le chef de l'Etat est prêt à coopérer avec les Etats-Unis et leurs alliés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

"Le président Assad à les moyens de tenir ses promesses parce que c'est un président fort. Il dirige la puissante institution qu'est l'armée syrienne. Il résiste aux pressions depuis quatre ans. La solution passe par lui", a-t-il affirmé.

Paris a récemment réaffirmé son refus de dialoguer avec Bachar al Assad après la visite d'élus français à Damas.

La Grande-Bretagne et les Etats-Unis nient eux aussi toute inflexion de leur attitude à son égard, malgré la montée en puissance des djihadistes de l'Etat islamique et les appels en faveur d'une reprise du dialogue avec Damas lancés en privé par certains Etats membres de l'Union européenne.

"Nous sommes ouverts à la coopération. Ils n'en veulent pas", a poursuivi Bachar Djaafari.

Suède, Danemark, Roumanie, Bulgarie, Autriche et Espagne ne seraient pas hostiles à une reprise des contacts avec le gouvernement syrien, dit-on de sources diplomatiques. La République tchèque, qui n'a pas rappelé son ambassadeur à Damas, serait également de cet avis, tout comme la Norvège et la Suède, qui ne font par partie de l'UE.

Selon Bachar Djaafari, "beaucoup de délégations européennes" se sont rendues à Damas pour solliciter la coopération des autorités syriennes à la lutte antiterroriste.

"Si vous voulez que cette coopération soit fructueuse, il faut revenir en Syrie, rouvrir vos ambassades", a-t-il insisté.

Le diplomate a en outre fustigé la stratégie de Barack Obama consistant à former et à équiper l'opposition "soi-disant modérée", qui revient selon lui à livrer des armes à l'Etat islamique. (Samia Nakhoul et Louis Charbonneau, Jean-Philippe Lefief pour le service français)