Quel que soit le vainqueur des élections législatives grecques de dimanche, les grands argentiers de l'eurozone ne dénonceront pas les principaux objectifs fixés pour aider la Grèce et sont prêts à faire certaines concessions pour les atteindre.

Si la Grèce rejette en revanche l'accord de renflouement conclu en février, les paris seront ouverts et la pression s'accentuera pour qu'Athènes sorte de l'euro.

"Les grands objectifs ne peuvent pas être modifiés", a déclaré à Reuters un responsable européen de haut rang. "Certains éléments pourraient l'être pour parvenir à ces objectifs mais pas les objectifs en eux-mêmes."

Les ministres des Finances de la zone euro ont par ailleurs fait savoir jeudi qu'ils se concerteraient dès dimanche par visioconférence pour débattre du résultat des élections législatives grecques susceptibles d'entraîner une sortie du pays de la zone euro.

L'arrivée possible au gouvernement de partis anti-austérité à l'issue du scrutin législatif inquiète les marchés car elle pourrait compromettre l'aide internationale à Athènes et précipiter sa sortie de l'union monétaire.

Le duel s'annonce serré entre la Coalition de la gauche radicale (Syriza) d'Alexis Tsipras et les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) emmenés par Antonis Samaras.

Les derniers sondages autorisés, publiés à deux semaines du scrutin, donnent les deux partis au coude-à-coude.

En cas de victoire de Syriza, la Grèce pourrait rejeter les termes du renflouement et abandonner l'euro pour la drachme, avaient averti la France et d'autres pays de la zone euro.

"Si l'impression est donnée que les Grecs veulent s'éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute perspective de redressement, alors il y aura des pays dans la zone euro qui préféreront en terminer avec (sa) présence (...) dans la zone euro", a déclaré mercredi François Hollande à la télévision grecque.

L'un des responsables de la zone euro a par ailleurs expliqué que la préoccupation principale des dirigeants de l'eurozone était le risque d'une sortie massive des capitaux du pays en cas de victoire de Syriza.

Les déposants redoutent en effet que leur épargne en euros ne soit gelée ou convertie en drachmes.

"Il ne s'agit pas que d'une ruée vers les banques lundi matin après les élections. Les gens peuvent aujourd'hui se connecter sur les services de banque en ligne et réaliser tout aussi bien leurs transferts d'argent dimanche soir", a déclaré un troisième responsable européen pour justifier la décision des ministres des Finances de se réunir.

Si la victoire de Syriza entraîne un retrait massif des capitaux des banques grecques, il reviendra alors à la banque centrale grecque, appuyée par la Banque centrale européenne, d'injecter directement de l'argent dans leurs caisses.

Jan Strupczewski et Andreas Framke, Jean-Philippe Lefief et Hélène Duvigneau pour le service français