par Jan Strupczewski et Noah Barkin

BRUXELLES, 23 mars (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro n'ont pris aucune décision lors du Conseil européen qui s'est achevé vendredi mais ils ont promis des solutions concrètes d'ici juin pour ce qui est des réformes censées rendre le bloc économique plus résistant aux crises, de l'union bancaire et du développement d'un fonds de renflouement.

"Nous jouissons de la situation la plus favorable depuis l'introduction de l'euro et c'est donc le moment idéal pour réfléchir d'une manière stratégique à nos ambitions sur le long terme", a déclaré Donald Tusk, le président du Conseil européen, en conférence de presse.

A la suite de la formation d'un nouveau gouvernement à Berlin la semaine dernière, la France et l'Allemagne seront à la pointe du changement, a déclaré la chancelière Angela Merkel, lors d'une conférence de presse donnée conjointement avec le président Emmanuel Macron.

"Il est tout à fait clair que nous devons progresser, et vite, sur l'union bancaire afin de dégager la voie", a dit Merkel, ajoutant qu'il fallait aussi à la zone euro une union des marchés de capitaux et des changements dans l'"architecture" du bloc monétaire lui-même.

"L'Allemagne et la France ont ouvert ce chantier la semaine dernière; nous nous rencontrerons tous deux en avril et nous aurons une réunion avec les ministres en mai; ensuite, en juin, nous présenterons une position commune".

La chancelière a ajouté que Paris et Berlin avaient déjà des idées sur la transformation du fonds de renflouement du Mécanisme européen de stabilité (MES) en un Fonds monétaire européen et sur son rôle dans la restructuration de dette souveraine si un pays se trouve dans l'obligation de solliciter une assistance.

Certains pays, dont l'Allemagne, veulent que la restructuration suive automatiquement toute demande d'aide, tandis que d'autres sont plus mesurés.

Les pays sont également divisés sur le principe d'un mécanisme de garantie des dépôts dans l'ensemble de la zone euro - dernière étape d'une union bancaire - tant dans ses modalités que dans sa date d'entrée en vigueur.

Nombre de pays de la zone euro fixent comme préalable que les banques aient suffisamment réduit les risques qu'elles prennent en prêtant tant au public qu'au privé. Mais il n'y a pas de consensus sur la mesure des progrès en matière de réduction des risques.

Enfin, les chefs d'Etat et de gouvernement ont discuté d'une capacité budgétaire de la zone euro - en gros une enveloppe qui ne serait destinée qu'à la zone euro - une idée que défend Macron mais qui n'enthousiasme pas Merkel.

"Une bonne partie des thèmes que nous avons abordés sont sujets à controverse, comme la capacité budgétaire de la zone euro, mais je décèle des voies à explorer", a déclaré Tusk. "Nous reviendrons en juin pour prendre des décisions concrètes et donner des indications sur l'avenir".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)