SINTRA, 19 juin (Reuters) - Il faudrait un choc économique majeur pour que la Banque centrale européenne (BCE) revienne sur sa décision de mettre un terme à son programme de rachats d'actifs d'ici la fin 2018, a déclaré mardi le gouverneur de la banque centrale irlandaise, Philip Lane.

L'institut de Francfort a dit la semaine dernière qu'il prévoyait d'arrêter à la fin de l'année son programme d'achats d'actifs, une formulation qui semblait, au moins selon certains investisseurs, laisser la porte ouverte à une nouvelle prolongation de son QE (quantitative easing, assouplissement quantitatif).

"Il faudrait qu'un choc considérable frappe l'économie mondiale pour modifier notre décision de mettre un terme aux rachats d'actifs nets", a dit Philip Lane à Reuters, en marge d'une conférence de la BCE.

"Il ne faut jamais rien exclure, mais les principaux instruments d'ajustement sont le pilotage des anticipations et les taux d'intérêt", a poursuivi Philip Lane, dont le nom est souvent cité pour remplacer Peter Praet, le chef économiste de la BCE, l'année prochaine, à l'expiration de son mandat.

Il a ajouté que mettre un terme au programme de 2.600 milliards de rachats d'actifs de la BCE et réinvestir les montants des remboursements à l'échéance réduiraient en soi les coûts du crédit à long terme d'environ 100 points de base.

La BCE vise une inflation d'un peu moins de 2% mais n'est pas parvenue à atteindre cet objectif au cours des cinq dernières années, en dépit de mesures de relance économique sans précédent.

L'inflation progresse désormais, en raison notamment du renchérissement des prix du pétrole, mais elle pourrait ne pas atteindre l'objectif de la BCE avant plusieurs années, alors que les capacités inexploitées du marché du travail restent élevées.

La croissance de la zone euro est suffisamment forte pour les mettre en oeuvre, ce qui suggère que les pressions inflationnistes vont lentement augmenter, alors même que la BCE a déjà est déjà un peu moins accommodante. (Balazs Koranyi Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)