par Michelle Nichols et Louis Charbonneau

NATIONS UNIES, 1er décembre (Reuters) - Le Burundi est au bord d'une guerre aux "effets potentiellement désastreux sur une région déjà fragile" mais il n'est pas nécessaire dans l'immédiat d'y déployer des casques bleus, a déclaré lundi Ban Ki-moon au Conseil de sécurité des Nations unies.

Ce pays de la région des Grands Lacs en Afrique est en proie à des violences qui ont fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé en avril de se présenter à un troisième mandat. Pierre Nkurunziza a été réélu en juillet.

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont demandé ce mois-ci à Ban Ki-moon de présenter les modalités d'un renforcement de la présence de l'Onu au Burundi en raison des craintes d'un basculement du pays dans un conflit ethnique susceptible de déborder ses frontières.

Dans une lettre adressée lundi au Conseil, le secrétaire général de l'Onu propose trois options: une mission de maintien de la paix sous mandat de l'Onu, une mission politique spéciale ou une équipe de soutien à son conseiller spécial sur le Burundi, Jamal Benomar. Ban Ki-moon recommande cette dernière solution.

Ban propose aussi au Conseil de "réexaminer le mandat de la présence des Nations unies à mesure que la situation sur le terrain évolue".

"Le Burundi se trouve au bord d'un nouveau conflit armé qui pourrait anéantir des années d'un travail minutieux de consolidation et de préservation de la paix et avoir des effets potentiellement désastreux dans une région déjà fragile", écrit le secrétaire général de l'Onu.

Le Burundi est sorti en 2005 d'une guerre civile de 12 ans entre des rebelles hutus et une armée dominée par les Tutsis. Ce sont ces mêmes divisions ethniques qui ont été à l'origine en 1994 du génocide de 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis et des Hutus modérés, au Rwanda voisin.

Ban souligne qu'une équipe de soutien auprès de Jamal Benomar permettrait de travailler avec les forces en présence au Burundi pour lancer un dialogue politique crédible, renforcer la sécurité et mettre fin aux violations des droits de l'homme.

"L'ouverture d'un tel dialogue doit être la priorité absolue tandis que nous continuons de trouver les moyens, avec nos partenaires dans la région, pour interrompre la détérioration de la situation en matière de sécurité et empêcher des violences de masse et une possible guerre civile totale", écrit-il.

Le représentant de la Grande-Bretagne aux Nations unies a déclaré que le Conseil de sécurité avait déjà donné son accord à la création d'une telle équipe de soutien. "Je ne pense pas que cela devrait être perçu comme une nouveauté", a dit Matthew Rycroft.

Le Conseil de sécurité envisage de se rendre au Burundi, a également déclaré le diplomate britannique. (Bertrand Boucey pour le service français)