"Comment expliquez-vous la forte volatilité sur le marché des actions européennes et notamment le marché des actions françaises ces derniers jours ? Après avoir connu sa pire semaine de l’année la semaine dernière, le Cac 40 est vivement reparti pour afficher sa meilleure performance depuis janvier ce jeudi ?
Nous avons eu en cette fin d’année un calendrier extrêmement chargé. Plusieurs éléments négatifs se sont accumulés poussant les investisseurs à prendre des profits ou à limiter leur exposition. En premier lieu, la déstabilisation de l’économie russe suite à la baisse du prix du pétrole. Ensuite l’organisation d’élections présidentielles anticipées en Grèce. A cela se sont ajoutées l’absence de précision de la part de la Banque centrale européenne a propos de son éventuel programme d’achat de titres d’Etat attendu par le marché en début d’année prochaine et des chiffres décevants sur certains statistiques chinoises comme la production industrielle, ou le PMI du secteur manufacturier.

Quelle lecture faites-vous de la reprise de l’élan depuis mercredi ?
Cet élan repose sur deux principales considérations. Tout d’abord, Benoit Coeuré, membre du conseil exécutif de la BCE a accordé une interview au Wall Street Journal dans laquelle il livre quelques informations au sujet du quantitative easing en préparation.

Par ailleurs, la présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen est venue renforcée le sentiment de confiance des opérateurs de marché. Celle-ci a clairement fait état d’une relative patience de la part de la Fed dans son processus de remontée des taux. Ainsi l’institution monétaire pourrait effectivement entamer son premier relèvement en milieu d’année prochaine, à la suite des deux prochaines réunions du FOMC. Cependant le rythme de hausse sera très graduel. La politique monétaire a ainsi vocation à demeurer accommodante encore longtemps.
Parallèlement, Janet Yellen a également su apaiser les craintes concernant l’effet de contagion potentiel découlant de la sérieuse crise que connait la Russie. Pour la responsable de la Fed la probabilité de voir une répercussion forte liée à cette crise sur les Etats-Unis est très limitée. Qui plus est, le vif recul du cours du baril a été présenté bien plus comme un avantage pour la croissance des Etats-Unis via le surplus du pouvoir d’achat des ménages que comme un inconvénient au travers de la réduction de la rentabilité des producteurs.
Enfin, la présidente de la Fed a calmé les inquiétudes a propos de la diminution de l’inflation dans le pays soulignant le fait que la tendance baissière devrait être temporaire.

Vous attendez-vous au cours des deux dernières semaines de l’année à des mouvements aussi violents sur le marché des actions françaises ?
D’autres trous d’air sont donc envisageables.
Le président grec doit être élu d’ici la fin du mois. Si tel n’est pas le cas, des élections législatives auront lieu avec le risque de voir la victoire d’un parti contestataire des mesures d’austérité prises par l’actuel gouvernement en contrepartie du plan de sauvetage négocié avec l’UE et le FMI. La non élection d’un président au cours des prochains jours pourrait donc raviver la nervosité des investisseurs.
Parallèlement d’autres responsables importants pourraient se prononcer défavorablement au sujet du quantitative easing, comme Jens Weidmann, gouverneur de la Banque centrale d’Allemagne.
Les soupçons de sanctions à l’encontre de la France et de l’Italie en rapport avec le budget qu’ils ont présenté à la Commission européenne pourraient être alimentés.

Cependant je n’anticipe pas d’effondrement. Les fondamentaux à moyen terme en Europe restent bons et serviront de force de rappel le cas échéant. La dépréciation de l’euro, la diminution du prix du pétrole, l’amoindrissement des couts de refinancement, le quantitative easing de la BCE devraient permettre au moteur de la dynamique de la zone euro de redémarrer plus notablement à partir du deuxième trimestre de l’année.

Quand pourrait-on espérer une accalmie ?
Nous ne devrions pas observer de stabilisation franche avant la fin du mois de janvier. Nous aurons une meilleure visibilité à ce moment là sur le cas grec et le dossier russe.

Dans quelle zone de prix devrait continuer à fluctuer l’indice phare de la place parisienne d’ici la fin de l’année ?

Je pense que l’indice devrait rester dans une fourchette comprise entre 4400 points et 4200 points.
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