"Selon vous le second semestre devrait se caractériser par une volatilité sur les marchés actions plus élevée qu’au premier semestre ?
L’indicateur Vix qui mesure la volatilité implicite se situait entre 12 et 15 pendant les premiers mois de l’année. Il est monté à 20. Il devrait s’inscrire dans une fourchette comprise entre 17 et 22 pour les mois à venir. S’il s’agit d’un niveau plus élevé, il est encore éloigné de ceux que l’on a observés aux paroxysmes des crises de 2008 et 2011. Le Vix était monté à 40.

En dépit de cette volatilité, la tendance devrait-elle demeurer haussière sur les actions ?
Oui, en raison de l’amélioration de la conjoncture et de la réserve potentielle importante d’investissement sur les actions. La majorité des investisseurs, particuliers ou institutionnels, sont absents de la classe d’actifs.

Les flux devraient donc constituer le principal catalyseur du rebond à court terme ?

Les flux et la baisse de la prime de risque liée à la situation économique et financière dans les grands blocs, en particulier aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe.
Le déficit budgétaire américain est en forte contraction. Des indicateurs sont très favorables, sur l’immobilier, le secteur manufacturier, l’emploi.
En Europe, nous sommes entrés dans une phase de stabilisation faiblarde qui devrait être suivie par celle d’une reprise graduelle.

Qu’est ce qui devrait commencer à rassurer les investisseurs dans un premier temps ?
Les élections allemandes marqueront un tournant pour savoir si nous resterons dans une austérité dure ou molle en Europe. L’idéal pour les marchés serait que les politiques restrictives soient quelque peu assouplies, autrement que les gouvernements se donnent plus de temps pour réduire le déficit, à l’instar des Etats-Unis. Plus concrètement, il faudrait que l’objectif d’un retour à l’équilibre soit recherché d’ici 10 ans plutôt que 4 ans.

Le marché s’attend à un durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Quel est votre scénario central à ce sujet ?

Nous pensons que le programme d’assouplissement quantitatif devrait passer à partir de cet automne de 85 milliards de dollars par mois à 60 milliards de dollars. Le taux directeur ne devrait pas être relevé avant que le taux de chômage ne descende à 6,5%, autrement dit avant au moins le second semestre 2014.

La clarification autour du comportement de la Fed devrait inciter les investisseurs à se positionner davantage sur les actions ?

Très probablement. Les investisseurs aiment la lisibilité. Les banques centrales ont une influence importante sur l’orientation de ces derniers.
Des interrogations se posent sur la situation en Chine. Qu’en pensez-vous ?
La visibilité sur les fondamentaux en Chine sont dures à décrypter. Les changements se font avec une certaine lenteur. Cependant nous sommes d’avis que le pays est sous contrôle.
Ce sujet de préoccupation devrait demeurer dans les esprits des investisseurs encore un moment. Ces derniers finiront par prendre conscience qu’avec ses 1,3 milliard d’habitants, le processus de mutation en cours, la dynamique devrait continuer à être vigoureuse.

Escomptez-vous des mesures supplémentaires de la part de la Banque centrale européenne ?

Pas à court terme. Il faudrait que les taux obligataires des pays périphériques remontent fortement, et que la confiance soit sérieusement affectée, pour que la BCE décide de prendre de nouvelles mesures. Cela ne devrait pas être le cas avant l’automne.

Devrait-on avoir un regain de craintes par rapport à ce qui se passe au Japon ?
Les autorités japonaises sont déterminées à tout mettre en œuvre pour sortir le pays de la déflation. La Banque centrale du Japon a signalé à plusieurs reprises son intention de doubler son bilan de 30% du PIB, à 60% du PIB d’ici deux ans.
Il y a fort à croire que les investisseurs les plus actifs maintiendront un positionnement significatif sur les actions japonaises encore plusieurs trimestres. Le yen devrait encore baisser à 110-120 dollars.
Après la pause récente, le Nikkei pourrait récupérer toutes ses pertes et s’octroyer 20% à 30% supplémentaires.

Est-il envisageable de donner un potentiel de rebond sur les actions européennes et les actions américaines d’ici fin décembre ?
Pour des considérations fondamentales, je pense que les actions devraient retrouver l’engouement des investisseurs à moyen terme. Le rapport rendement risque est très favorable. Le Cac 40 et l’Eurostoxx pourraient revenir à leur niveau d’avant la crise de 2011, autrement dit 4000 ou 4100 points pour le premier et 3000 points pour le deuxième.
A plus court terme, la correction pourrait se prolonger au moins jusqu’en septembre.

Quid de votre allocation sectorielle et géographique ?

Il y a lieu de revenir sur les actions émergentes dans un horizon long terme, telles que les actions chinoises. Le gap de valorisation entre les actions émergentes et les actions occidentales est très intéressant.
Les actions américaines seraient à privilégier sur les actions européennes du fait de l’embellie sur le front macro et microéconomique. Les actions américaines ont tendance à moins baisser dans les phases de correction. Un potentiel de revalorisation est également perceptible du fait de l’appréciation du dollar.
Une première thématique serait celle des grandes marques internationales qui ont un savoir faire unique, comme L’Oréal, Air Liquide.
Une autre thématique serait liée aux valeurs délaissées en raison de leur dépendance aux pouvoirs publics, telles que les valeurs télécoms, les valeurs des services de collectivité, les valeurs pétrolières.

Quid des banques ?

Si l’on considère de prime abord le ratio cours sur actif net, les valeurs bancaires paraissent peu chères. On ne sait pas encore ce qu’il y a véritablement dans les bilans bancaires. Il peut y avoir encore de mauvaises surprises.

Quel serait selon vous le principal risque à surveiller pour les actions ?

Une mauvaise communication de la Fed et un emballement des opérateurs sur le taux à dix ans américain. Nous nous attendons, pour notre part, à un taux maximal de 3% en fin d’année.

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