STRASBOURG, 26 septembre (Reuters) - Un rapport du Conseil de l’Europe dénonce les conditions "inhumaines" dans lesquelles la Grèce a mis en place, à l’automne 2015, des "hotspots", ou centres d’enregistrement et de répartition des demandeurs d’asile, dans cinq îles de la mer Egée, même si la situation s'y est depuis améliorée.

La création de ces centres de transit, décidée par l’Union européenne, devait permettre de "relocaliser" au sein des Etats membres les migrants pouvant prétendre au statut de réfugié.

Le Comité de prévention de la torture (CPT), un organe du Conseil de l’Europe, décrit une situation hors contrôle et des conditions de vie parfois "inhumaines et dégradantes" dans les deux centres qu’il a visités en avril 2016, sur les îles de Lesbos et de Chios.

Prévus pour accueillir les migrants pendant trois jours, les "hotspots" avaient été transformés, en mars 2016, en centres de détention fermés où les migrants pouvaient rester jusqu’à 25 jours, souvent plus, selon le CPT.

Il y avait ainsi 3.000 étrangers pour 1.500 places à Lesbos où le rapport cite un groupe de 43 personnes, dont des familles avec de jeunes enfants et des vieillards, vivant dans une pièce de 46 m2.

"Il y avait des problèmes avec la qualité de l’eau potable, la nourriture, les soins de santé élémentaires et la prise en compte des besoins des groupes vulnérables", affirme le CPT, qui évoque encore les problèmes d’hygiène et les violences intercommunautaires non contrôlées.

Faute de places suffisantes dans des centres adaptées, plusieurs centaines de mineurs étaient placés en détention, pour leur propre sécurité.

Une seconde visite, en juillet 2016, a permis au CPT de constater des améliorations, dont un régime de semi-liberté pour les résidents, sans que les conditions de vie puissent être qualifiées d’adéquates.

Les experts européens reconnaissent les difficultés exceptionnelles auxquelles était confrontée la Grèce, qui a vu arriver sur son sol 850.000 migrants pour la seule année 2015.

Elle souligne que les "hotspots" sont devenus des centres de long séjour du fait des réticences des autres pays membres de l’UE à accueillir les réfugiés.

A la mi-mai 2016, la Commission européenne notait que seuls 1.500 migrants arrivés en Grèce ou en Italie, avaient pu être relocalisés, depuis le début de l’année, sur un objectif de 20.000.

Seul l’accord passé en mars 2016 entre l’UE et la Turquie pour que celle-ci ferme sa frontière, a permis de soulager la Grèce qui fait part, dans sa réponse au CPT, de l’amélioration apportées aux conditions de vie dans les centres d’accueil. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)