(Précisions §14-15)

par Louis Charbonneau

NATIONS UNIES, 7 février (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné "fermement" dimanche le tir d'une fusée de longue portée par la Corée du Nord dans la matinée et promis de prendre des mesures punitives.

Le représentant permanent du Venezuela à l'Onu, Rafael Dario Ramirez Carreno, qui préside l'instance ce mois-ci, a rappelé que le tir représentait une "grave violation des résolutions du Conseil de sécurité".

La Corée du Nord dit avoir procédé vers 09h30 (00h30 GMT) au lancement d'une fusée à longue portée qui transportait un satellite d'observation mais la communauté internationale, qui avait dénoncé à l'avance ce projet, estime qu'il s'agissait d'un test de missile à longue portée, en infraction avec les sanctions de l'Onu interdisant à la Corée du Nord l'usage de la technologie balistique.

L'ambassadeur vénézuélien a souligné que les Quinze avaient "réaffirmé leur intention de développer des mesures significatives dans le cadre d'une nouvelle résolution du Conseil en réponse à l'essai nucléaire" effectué par Pyongyang il y a un mois, auquel s'ajoute désormais ce tir de fusée.

Il a assuré que les membres du Conseil travailleraient "efficacement".

"Nous veillerons à ce que le Conseil de sécurité impose de sérieuses conséquences", a assuré quant à elle la représentante des Etats-Unis, Samantha Power, flanquée de ses homologues japonais et sud-coréen.

"Les dernières transgressions de la DPRK (République populaire démocratique de Corée, NDLR) requièrent de notre part une réponse encore plus ferme."

Depuis l'essai nucléaire du 6 janvier, les Etats-Unis et la Chine discutent d'une nouvelle résolution qui étendrait les sanctions déjà existantes contre la Corée du Nord. Samantha Power a dit espérer qu'un projet de résolution serait soumis au vote du Conseil "le plus rapidement possible".

"C'est urgent et cela n'a que trop tardé", a-t-elle insisté.

"Nous avons bon espoir que la Chine, comme tous les membres du Conseil, mesurera cette grave menace à la paix et la sécurité régionale et internationale et mesurera l'importance de l'adoption de mesures sévères et sans précédent", a ajouté Samantha Power.

TRACTATIONS

Washington tient le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et la France étroitement au courant de ses discussions avec la Chine, pendant que Pékin fait de même avec la Russie, précise-t-on de sources diplomatiques.

Selon l'ambassadeur japonais à l'Onu Motohide Yoshikawa, le projet en discussion prévoirait des "mesures beaucoup plus fortes" contre Pyongyang.

La Corée du Nord est soumise à des sanctions de l'Onu depuis son premier essai nucléaire en 2006. Elle a conduit depuis cette date trois autres essais nucléaires, et procédé à de nombreux tirs de missiles balistiques.

Les sanctions de l'Onu interdisent à Pyongyang toute activité nucléaire militaire ou liée aux missiles balistiques, visent un certain nombre d'individus et d'entités dont les avoirs sont gelés et les déplacements restreints, et interdisent aux dirigeants du pays d'importer des produits de luxe.

S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, un haut diplomate occidental a dit espérer que le Conseil serait en mesure de voter une nouvelle résolution dans le courant du mois.

Il a ajouté que les Américains pressaient en faveur de nouvelles mesures de rétorsion dépassant le cadre du programme nucléaire et du programme de missiles nord-coréen, alors que la Chine souhaite que toute nouvelle mesure reste attachée à la question de la non-prolifération.

Un diplomate indique également à Reuters que les Etats-Unis espèrent renforcer le système international de restrictions visant le système bancaire nord-coréen, mais que Pékin hésite, craignant que son voisin et allié s'appauvrisse davantage.

"Il y aura une résolution de sanctions", ajoute cependant ce diplomate. "La Chine veut que les étapes soient mesurées mais que le Conseil fasse clairement comprendre à la DPRK qu'elle doit respecter les résolutions."

S'exprimant devant la presse avant la réunion à huis clos du Conseil, l'ambassadeur français François Delattre a qualifié le tir nord-coréen de "provocation scandaleuse". "C'est pourquoi la faiblesse n'est pas une option", a-t-il dit. (Avec Michelle Nichols à New York, Kylie McLellan à Londres; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)