(Actualisé avec communiqué et commentaires)

par Francesco Guarascio

BRUXELLES, 3 juillet (Reuters) - Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), le plus important des créanciers de la Grèce, a constaté vendredi que cette dernière était en défaut sur les prêts que lui a accordés la zone euro faute d'avoir remboursé un prêt du Fonds monétaire international (FMI) mardi, ajoutant se réserver le droit de réclamer le remboursement anticipé de 130,9 milliards d'euros.

Cette décision avant tout symbolique intervient deux jours avant le référendum grec par lequel les électeurs sont appelés à se prononcer sur des propositions d'aides conditionnées à des réformes fiscales et structurelles, rejetées par le gouvernement d'Alexis Tsipras.

Ce dernier a appelé à voter "non", un rejet qui, selon certains dirigeants européens, pourrait conduire la Grèce à sortir de la zone euro.

Pour le FESF, le non-paiement mardi d'une échéance d'environ 1,6 milliard d'euros au FMI "se traduit par un événement de défaut de la Grèce, conformément aux accords financiers du FESF avec la Grèce".

Le conseil d'administration du Fonds a décidé de se réserver le droit d'agir ultérieurement concernant les prêts en cours à l'Etat grec, a ajouté l'institution dans un communiqué.

Le directeur général du FESF, Klaus Regling, a opté pour cette recommandation plutôt que pour les deux autres envisageables, la renonciation aux créances concernées et la demande d'un remboursement immédiat.

Ce dernier choix aurait signifié la banqueroute immédiate de la Grèce et forcé les autres Etats membres de la zone euro à inscrire de lourdes pertes dans leurs comptes publics.

"UNE SOURCE DE PROFONDE PRÉOCCUPATION"

"Ce cas de défaut est une source de profonde préoccupation", a dit Klaus Regling, cité dans le communiqué. "Cela rompt l'engagement pris par la Grèce d'honorer ses obligations financières à l'égard de tous ses créanciers et cela ouvre la voie à de graves conséquences pour l'économie grecque et le peuple grec."

Des experts estiment que le constat d'un "cas de défaut" pourrait forcer la zone euro à inclure la possibilité d'un allégement du fardeau de la dette grecque dans de nouvelles négociations après le référendum de dimanche, une option que les dirigeants de la zone euro cherchent à éviter.

"Cela signifie qu'une réduction de la dette publique grecque pourrait intervenir bien plus rapidement qu'estimé jusqu'à présent", a dit Marcel Fratzscher, directeur de l'institut allemand d'études économiques DIW. Pour lui, le défaut signifie que la zone euro doit "d'abord restaurer la viabilité de la dette grecque avant de conclure un accord sur un nouveau plan d'aide".

Le FESF explique qu'il prendra ses futures décisions en coordination avec les Etats de la zone euro, la Commission européenne et le FMI.

Le défaut constaté de la Grèce n'a aucune répercussion sur la capacité du FESF à rembourser les porteurs de ses obligations, précise son communiqué.

Créé officiellement en juin 2010, le FESF émet des obligations pour financer des prêts à des pays en difficulté financière. Depuis juillet 2013, il dépend du Mécanisme européen de stabilité (MES), l'organe permanent de soutien financier de la zone euro, lui aussi basé à Luxembourg et dirigé par Klaus Regling. (Francesco Guarascio; Bertrand Boucey pour le service français)