* L'embellie de la croissance mondiale continue-CMFI

* La reprise n'est pas totale, l'inflation reste basse

* Le FMI demande des réformes structurelles

* Mario Draghi (BCE) prône la patience face à l'inflation

par Leika Kihara

WASHINGTON, 15 octobre (Reuters) - Les Etats membres du Fonds monétaire international constatent une poursuite de la reprise économique mondiale mais s'inquiètent de l'inflation qui reste basse, d'un potentiel de croissance lui aussi faible et de déséquilibres persistants.

Alors que les banques centrales voient leurs munitions diminuer et que certaines songent à sortir de leurs programmes de soutien monétaire lancés pendant la crise, le FMI réitère son appel à des réformes structurelles permettant de solidifier et de pérenniser la reprise.

"Les réformes structurelles qui étaient difficiles à mettre en place en période difficile sont plus faciles (maintenant) car les perspectives sont meilleures", a déclaré samedi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.

"C'est quand le soleil brille qu'il faut réparer le toit. Ce message a été reçu à 100%."

Réuni à Washington, le comité monétaire et financier international (CMFI), comité directeur du FMI, a fait état d'une amélioration des perspectives économiques mondiales, grâce à une hausse notable des investissements, des échanges et de la production industrielle.

Mais il a mis en garde contre la tentation de la complaisance en notant que la reprise n'était pas encore totale avec des niveaux d'inflation inférieurs aux objectifs dans la plupart des pays avancés et un potentiel de croissance toujours faible dans de nombreux pays.

Les dirigeants financiers présents à la réunion ont aussi mis l'accent sur les inégalités et la nécessité d'une croissance "inclusive". "Quand on dit que la reprise est là, cela ne parle pas à tout le monde", a reconnu le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

DRAGHI PRÔNE LA PATIENCE

L'optimisme sur la croissance mondiale a été assombri par des tensions commerciales apparues notamment avec la renégociation en cours de l'Accord nord-américain de libre-échange (Alena) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.

Le communiqué de la réunion du CMFI n'a fait pratiquement aucune mention des questions commerciales, même si Christine Lagarde s'est voulue rassurante en affirmant qu'il était "parfaitement légitime" de revoir des accords commerciaux anciens en réponse à un monde qui change.

"Le commerce est un puissant moteur de croissance, d'innovation, de concurrence et de productivité (...). Si cela est bien fait et c'est ce qu'on espère, ce pourra être gagnant-gagnant pour tous les pays dans ces négociations", a-t-elle dit au sujet des discussions sur l'Alena.

Dans le communiqué, les Etats membres disent leur volonté d'unir leurs efforts pour réduire les "déséquilibres mondiaux excessifs" et de surveiller les éventuels risques financiers liés à la persistance des taux d’intérêts bas et à la tendance accommodante des politiques monétaires.

L'inflation et les salaires, durablement faibles en dépit du renforcement de la reprise qui a amené le FMI à relever ses prévisions de croissance mondiale, demeurent en revanche un sujet de préoccupation.

Toujours confiant, le gouverneur de la Banque du Japon Haruhiko Kuroda a assuré que ce n'était qu'une "question de temps" avant que l'évolution des prix et des salaires n'accélère dans les économies avancées.

Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a lui aussi prôné la patience. "Le dénominateur commun est que nous sommes confiants dans le fait que la poursuite de l'amélioration des conditions permettra aux taux d'inflation de converger progressivement de manière auto-entretenue", a-t-il dit samedi.

"Mais tout en étant confiants, nous devons aussi être patients car cela prendra du temps." (avec les contributions de David Ljunggren et Balazs Koranyi, Véronique Tison pour le service français)