PARIS, 7 février (Reuters) - Marine Le Pen fera la synthèse de la réflexion à laquelle ont participé ce week-end une soixantaine de responsables et alliés du Front national pour trouver le moyen de briser le plafond de verre du second tour en vue de 2017.

La présidente du Front national, qui a organisé ce séminaire dans un country club à Etiolles (Essonne), décidera "des axes de travail qui devraient être déclinés au fil des semaines", précise un responsable du FN.

Marine Le Pen "s'assurera de leur mise en oeuvre et expliquera ses priorités", a-t-il ajouté.

La dirigeante du FN pourrait livrer quelques pistes lors de son intervention prévue lundi soir sur TF1.

"Très constructif, très productif", a écrit samedi Florian Philippot, le numéro deux du parti, sur Twitter.

Comment transformer au second tour les victoires du premier, en particulier à la présidentielle de 2017, après l'échec du Front national à gagner des départements ou des régions en 2015 ?

Telle est la question à laquelle se sont efforcés de répondre les cadres du Front national lors de ce séminaire intitulé "vers l'arrivée au pouvoir".

IMAGE ÉRODEÉ

Un sondage TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+ diffusé vendredi a sûrement alimenté la réflexion des cadres frontistes, car il montre une détérioration de l'image du parti depuis 2015, en dépit de son score élevé du premier tour des régionales.

Cinquante-six pour cent des Français (+2 points par rapport à février 2015) considèrent que le FN représente "un danger pour la démocratie", un niveau de défiance inédit depuis l'accession de Marine Le Pen à la présidence du parti (2011), selon l'institut.

En outre, l'image de Marine Le Pen se détériore : seuls 28% des Français (-6 points) jugent que la dirigeante d'extrême droite est "honnête" et "inspire confiance", contre 62% (+5 points) qui pensent le contraire.

"Un coup d'arrêt semble porté au phénomène de 'dédiabolisation' du FN", malgré des scores électoraux en hausse, relève TNS Sofres.

Officiellement, tous les éléments étaient sur la table lors du séminaire d'Etiolles : éventuel changement de nom du FN, lancement dans tout le pays de Comités Bleu Marine, éventuel infléchissement du programme économique, démocratisation interne, etc.

Plusieurs participants, comme le maire de Béziers Robert Ménard, qui n'est pas membre du parti, et le député Gilbert Collard, du Rassemblement Bleu Marine, ont plaidé pour l'abandon de la sortie de l'euro, perspective qui rebute l'électorat âgé, celui qui fait le plus défaut au FN.

Mais Florian Philippot assurait avant les travaux qu'il n'y aurait pas de changement sur ce point. "La position du FN est celle défendue et exprimée par Marine Le Pen, de manière constante, à savoir la fin de l'euro et l'introduction de monnaies nationales", disait-il à Reuters.

Dans l'Opinion, le vice-président du FN a affirmé qu'il n'y avait pas de débat sur le fond mais une "réflexion sur les meilleurs arguments".

Tous les dirigeants considèrent que le parti souffre encore d'une forte diabolisation, certains attribuant l'échec du second tour des régionales aux propos du Premier ministre Manuel Valls évoquant une "guerre civile" en cas de victoire frontiste.

Pour "rassurer", le FN a d'ores et déjà trouvé un nouveau slogan, "La France apaisée", figurant sur les nouvelles affiches du parti avec le visage de Marine Le Pen sur fond champêtre. (Gérard Bon, édité par Myriam Rivet)