* Le G20 près d'ajouter 2% à la croissance mondiale

* L'Europe priée de faire plus pour la croissance

* L'Allemagne reste rigoriste

* Sommet du G20 à Brisbane en novembre (Actualisé avec des précisions)

par Ian Chua et Cecile Lefort

CAIRNS, Australie, 21 septembre (Reuters) - Le Groupe des Vingt (G20) a affirmé dimanche qu'il était bien près de rajouter 2.000 milliards de dollars au PIB mondial et de créer ainsi des millions d'emplois mais les grands argentiers de l'organisation ont aussi déploré la stagnation économique prolongée de l'Europe.

Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20, réunis à Cairns, ont dit aussi qu'ils avaient progressé pour ce qui est de renforcer le système financier international et de rendre plus étanches des systèmes fiscaux dont les multinationales profitent des brèches existantes.

Ils ont enfin résolu diplomatiquement la délicate question d'inviter ou pas le président russe Vladimir Poutine lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 de Brisbane, en novembre, compte tenu du conflit ukrainien. La solution trouvée consiste à exercer toujours une pression diplomatique, tout en gardant la porte ouverte à sa présence.

"Nous sommes résolus à augmenter la croissance et les pays entendent employer tous les leviers macroéconomiques, monétaires, budgétaires et structurels, pour relever ce défi", a déclaré le ministre des Finances australien Joe Hockey, qui accueillait l'événement.

Un millier de mesures ont été avancées pour augmenter la croissance mondiale de 1,8% d'ici 2018, non loin de l'objectif de 2% adopté en février dernier.

Une préoccupation générale de cette réunion du G20 fut la crainte que le malaise économique de l'Europe ait des répercussions ailleurs dans le monde. Le secrétaire au Trésor américain Jack Lew a fait part de divergences "philosophiques" avec certains de ses homologues européens, en particulier sur la nécessité d'user de mesures de stimulation à court terme.

"Ce que je crains c'est que si les initiatives prises pour stimuler la demande tardent trop, il y ait un risque que les obstacles s'accumulent, or l'Europe a besoin de stimulants économiques", a-t-il expliqué.

Un discours qui n'a pas séduit le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble pour qui réformes structurelles et stricte maîtrise des budgets s'imposent avant tout.

Les propositions pour doper la croissance mondiale seront à présent soumises pour approbation aux leaders du G20 en novembre. Parmi elles figure en particulier une initiative visant à augmenter l'investissement privé dans les grands travaux, particulièrement soutenue par le pays-hôte du G20 cette année, l'Australie.

DISCRÉTION SUR LA CHINE

Si les carences de croissance de l'Europe ont été au coeur des débats, curieusement, le ralentissement économique de la Chine est passé quasiment inaperçu, au moins en public, ce qui en a surpris plus d'un au vu du poids économique de ce pays.

"Notre point de vue quant à l'objectif de croissance voulu est qu'avec le ralentissement de la Chine, au sens structurel... il sera terriblement difficile d'atteindre ce chiffre (de 2%), compte tenu du poids arithmétique de la Chine", dit Huw McKay, économiste de Westpac.

Le ministre des Finances chinois Lou Jiwei a observé que les mesures de relance avaient leur lot d'inconvénients tels des capacités excédentaires, de la pollution et une augmentation de la dette des collectivités locales, des mots résonant comme autant d'avertissements sur l'orientation que pourrait prendre Pékin en matière de stimulation économique.

C'est ainsi que le risque de voir des politiques monétaires ultra-accommodantes créer des bulles spéculatives a été activement évoqué par le G20, tout comme la nécessité qui s'impose à la Réserve fédérale américaine de dénouer sa politique d'assouplissement quantitatif avec beaucoup de prudence pour éviter d'affoler les marchés.

On s'attend à ce que la Fed arrête son programme de rachats d'actifs en octobre et commence à relever les taux d'intérêt l'an prochain, tranchant avec la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon (BoJ) qui risquent au contraire de devoir en faire plus dans le sens de l'assouplissement.

Enfin, les régulateurs envisagent d'augmenter l'épaisseur des "matelas" de fonds propres que les grandes banques de la planète doivent constituer pour éviter que ne se reproduise une crise financière d'envergure.

Christian Noyer, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a dit qu'un matelas de l'ordre de 16% d'actifs pondérés du risque était réaliste mais qu'il n'avait pas encore été finalisé. Il a ajouté qu'un chiffre serait annoncé lors du sommet du G20 de novembre.

Il reste également au G20 à trouver les moyens d'endiguer la perte de recettes fiscales due à la pratique des multinationales de parquer leurs profits dans des pays au régime fiscal avantageux.

"Nous avons endossé des mesures de grande envergure en vue d'identifier et de réprimer la fraude fiscale par le biais d'un échange d'informations automatique suivant une norme commune", a dit Hockey. "Nous encourageons les autres à prendre le même engagement de manière qu'il n'existe plus nul endroit où se dissimuler". (Avec Leika Kihara, Byron Kaye, Gernot Heller et Lincoln Feast, Wayne Cole, Wilfrid Exbrayat pour le service français)