par Linda Sieg

TOKYO, 13 juin (Reuters) - Le gouvernement japonais s'est fixé l'objectif ambitieux de contenir le déclin démographique du pays à un recul de 20% d'ici 2060, mais n'a pas encore détaillé les moyens d'y parvenir.

D'après les projections de l'Institut national de recherche sur la population, au rythme actuel, le Japon aura perdu un tiers de sa population d'ici 2060, de 127 à 87 millions d'habitants.

Depuis trois ans, le Japon est entré dans une période de déclin démographique. Et la tendance s'accélère: en 2013, le Japon n'a enregistré que 1,03 million de naissances, le niveau le plus bas jamais vu.

La population, au rythme actuel, devrait passer sous les 100 millions en 2048 puis atteindre 87 millions en 2060. A cet horizon, 40% de la population sera âgée de soixante-cinq ans et plus.

"Si nous ne modifions pas cette tendance d'une population diminuant et vieillissant rapidement, nous courrons le risque de voir l'économie tomber dans une spirale de contraction", souligne le gouvernement dans une version de travail d'un livre blanc à paraître ce mois-ci.

Tenir l'objectif qu'il s'est fixé, et maintenir la population à 100 millions d'habitants à l'horizon 2060, sans augmenter l'immigration de long terme sera difficile. Pourtant, une proposition envisageant d'accueillir 200.000 immigrés supplémentaires par an d'ici 2050 a été rejetée par le gouvernement.

POLITIQUE DE L'ENFANCE

L'un des autres moyens serait d'inciter les femmes à avoir plus d'enfants. En 2013, le taux de fertilité (le nombre d'enfants mis au monde par une femme durant sa vie) ressortait à 1,43 enfant par femme, en léger mieux par rapport à 2005 (1,26) mais bien en deçà du seuil de renouvellement des générations (2,1).

Revenir à ce seuil tout en permettant aux femmes de rester sur le marché du travail - une nécessité économique au vu de la pénurie de main d'oeuvre qui frappe déjà certains secteurs d'activité - nécessitera de financer des structures de garde d'enfants et d'allocations familiales.

Le Centre japonais de recherche économique, un think-tank privé, en calcule le surcoût à 13.000 milliards de yens (90 milliards d'euros environ) par an sur quinze ans, soit 2,6% du produit intérieur brut. Actuellement, la politique de l'enfance représente un peu moins de 1% du PIB.

"Le gouvernement ne dit pas la vérité afin qu'un grand nombre de personnes ne considèrent même pas la piste de l'immigration", déplore Taro Kono, député du Parti libéral-démocrate (PLD) du Premier ministre Shinzo Abe.

Pour cet élu régulièrement critique à l'égard de la politique suivie par son parti, ce serait pourtant la seule piste crédible.

A l'en croire, une partie des réticences à accorder des permis de séjour de longue durée réside dans l'attitude des entreprises, qui préféreraient des permis de séjour courts de cinq ans pour des impératifs de rentabilité. "Parce que tous les cinq ans, explique-t-il, on remet les salaires à zéro." (Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)