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BEYROUTH, 14 février (Reuters) - L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, sunnite, a assuré dimanche que son pays ne serait jamais une "province iranienne" hostile à l'Arabie saoudite, et il s'en est pris au Hezbollah chiite pour son soutien militaire au régime syrien de Bachar al Assad.

Il s'exprimait lors d'un discours, à Beyrouth, à l'occasion du 11e anniversaire de l'assassinat de son père, l'ancien chef du gouvernement Rafic Hariri. Il s'agit seulement de sa troisième visite dans son pays depuis que l'Alliance du 8-Mars, dominée par le Hezbollah, a fait tomber le gouvernement qu'il dirigeait, en 2011.

Saad Hariri, qui réside en France et dirige l'Alliance du 14-Mars, est le principal représentant de la communauté sunnite. Il est soutenu par l'Arabie saoudite. Sa dernière visite au Liban, effectuée pour la même occasion, remontait à un an, pour le 10e anniversaire de la mort de son père.

Les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui exercent l'un et l'autre une forte influence au Liban et soutiennent des blocs politiques rivaux, contribuent aux conflits en cours au Moyen-Orient, que ce soit au Yémen ou en Syrie.

"Nous ne permettrons à personne de pousser le Liban vers le camp des ennemis de l'Arabie saoudite et de ses frères arabes. Le Liban ne sera pas, en tout état de cause, une province iranienne. Nous sommes arabes, et arabes nous resterons", a lancé Saad Hariri lors de ce discours.

APPEL A ELIRE UN PRESIDENT

Le Hezbollah, qui est soutenu par l'Iran, combat aux côtés de l'armée syrienne en soutien au régime du président Assad, face à des insurgés qui reçoivent un appui de l'Arabie saoudite, de la Turquie et d'autres pays.

Cinq membres du Hezbollah ont été inculpés par un tribunal international en lien pour la mort de Rafic Hariri, tué dans un attentat à la bombe sur le front de mer de Beyrouth en 2005.

Le Hezbollah nie toute implication dans son assassinat, qui a acculé le Pays du cèdre au bord de la guerre civile. La mort de Rafic Hariri a accentué les divisions entre communautés sur la scène politique libanaise et continue de peser sur la vie politique.

Saad Hariri a publiquement confirmé pour la première fois qu'à la fin de l'année dernière, il avait proposé que le chrétien maronite Soleiman Frangié, allié du Hezbollah et ami de Bachar al Assad, accède au poste de président du Liban, vacant depuis 21 mois maintenant.

Le Hezbollah, de son côté, dit s'en tenir à son candidat préféré, Michel Aoun, autre chrétien maronite.

"Nous sommes sincères. Nous voulons un président de la République. Nous voulons en finir avec le vide. Nous en payons le prix chez nous comme à l'étranger", a dit Saad Hariri. Et s'adressant à ses adversaires, il leur a lancé: "Allez au parlement, je vous prie, et élisez un président, à moins que votre véritable candidat, ce ne soit le vide". (Tom Perry; Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)