* Octroi de compétences policières, politiques et électorales

* Les séparatistes rejettent une association politique avec Kiev

* Les pro-Occidentaux parlent de capitulation (Actualisé tout du long)

par Richard Balmforth et Pavel Polityuk

KIEV, 16 septembre (Reuters) - Le Parlement de Kiev a adopté mardi un texte accordant un "statut spécial" aux régions de l'est de l'Ukraine tentées par le séparatisme qui vont disposer d'une autonomie accrue en matière de sécurité et sur le plan électoral, mais cette mesure ne contente aucun camp.

Ce projet prévoit la création d'un exécutif partiellement autonome pour une durée de trois ans pour les régions concernées qui seront autorisées "à renforcer et approfondir" leurs relations avec la Russie, ont déclaré des parlementaires ayant assisté à cette séance à huis clos.

Les régions séparatistes auront le droit de constituer leurs propres forces de police et d'organiser des scrutins locaux en décembre.

Cette concession de taille fait partie du plan mis au point par le président ukrainien Petro Porochenko, contraint d'accepter un cessez-le-feu lors d'un sommet à Minsk le 5 septembre après une série de revers militaires subis par son armée face aux rebelles soutenus, affirment Kiev et ses alliés occidentaux, par les troupes russes.

Une autre loi a été adoptée offrant une amnistie conditionnelle aux séparatistes pro-russes ayant combattu les forces gouvernementales. Cette disposition ne concerne pas les personnes impliquées dans la destruction en vol de l'avion de la Malaysia Airlines le 17 juillet dans l'est de l'Ukraine.

Ces dispositions "visent à donner une chance à un règlement pacifique progressif de la crise du Donbass", estime l'analyste politique Volodimir Fessenko.

"Il a été admis que l'alternative pour les événements en cours est soit un gel du conflit, soit la guerre dans laquelle l'Ukraine pourrait perdre le Donbass et sans doute plus encore", ajoute-t-il.

CAPITULATION

Ce nouveau geste politique de Petro Porochenko n'a contenté aucun des deux camps en présence.

Pour le dirigeant rebelle Andreï Pourgine dans la ville de Donetsk, "la partie principale du document qui envisage notre maintien politique dans le territoire ukrainien est naturellement inacceptable".

"Nous allons rappeler que toute solution politique avec l'Ukraine n'est pas aujourd'hui possible sur le principe", a-t-il ajouté.

Porochenko a par ailleurs pris le risque de décevoir ses partisans pro-occidentaux qui voient dans sa démarche la porte ouverte à une scission permanente d'une partie de l'Ukraine qui passerait sous la protection de la Russie comme cela est le cas pour des régions de Moldavie ou de Géorgie, deux autres anciennes républiques soviétiques.

"Je considère que c'est une erreur absolue de voter la capitulation après toutes ces pertes. Nous avons besoin de la paix et non d'une trêve, mais pas à n'importe quel prix. Nous considérons ces textes comme une capitulation complète", a commenté Oleh Tiahnibok, chef du parti nationaliste Svoboda (Liberté).

"Personne n'a donné au président le droit de placer le sort de la population du Donbass entre les mains de terroristes. Si cette loi entre en vigueur, cela ne conduira qu'à une escalade du conflit", estime Andryi Sentchenko, député du parti Batkivchtchina (Patrie).

Des tirs de mortier ont été signalés autour de Donetsk. "Les terroristes et les forces russes ont accentué leur pilonnage des positions de l'opération anti-terroriste", a commenté Andryi Lissenko, le porte-parole de l'armée ukrainienne.

Un journaliste de Reuters dans la ville a rapporté qu'au moins cinq obus de mortier s'étaient abattus sur un funérarium et un garage dans le centre, lundi soir.

"La trêve n'est absolument pas observée", a jugé un commandant rebelle local. "Ils (les soldats ukrainiens) ont récemment commencé à bombarder des appartements et des maisons dans lesquels se trouvaient des civils." (Pavel Polityuk; Bertrand Boucey et Pierre Sérisier pour le service français)