Dans la foulée de l’élection de Donald Trump, qui n’a cessé de dénoncer avec virulence l’immigration clandestine mexicaine durant sa campagne, le Peso enregistre un nouveau point bas historique et détrône la Livre Sterling dans le classement des devises ayant le plus fortement reculé en 2016.

Si l’arrivée à la tête de la première puissance mondiale du milliardaire américain n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde, c’est avant tout le Mexique, deuxième économie d’Amérique latine, qui pourrait en subir les plus lourdes conséquences. Pour rappel, pendant la course à la Maison-Blanche, Donald Trump avait notamment formulé les propositions suivantes au sujet du voisin hispanique :
-construction d’un mur financé par Mexico à la frontière pour freiner l’immigration clandestine ;
-expulsion de millions de personnes en situations irrégulières aux Etats-Unis ;
-renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Bien que le fantasque homme d’affaires ait largement modéré son discours depuis sa victoire, les observateurs craignent légitimement une dégradation des relations politiques et commerciales entre les deux pays alors que le Mexique réalise 80% de ses exportations vers les Etats-Unis.

Convoquant la presse pour une conférence, le ministre des Finances mexicain José Antonio Meade n’a annoncé, dans un climat défaitiste, aucune mesure spécifique pour contrer la chute du Peso. La banque centrale se réunira fin Novembre et pourrait relever son taux directeur d’au moins un demi-point pour contrer le risque inflationniste mais de nombreux précédents aux quatre coins du globe illustrent l’impuissance des argentiers dans pareille situation.

En conséquence, de nombreux économistes revoient leurs prévisions à la baisse. La combinaison d’un potentiel resserrement monétaire et d’un contexte aussi incertain devrait peser sur les investissements, la confiance des consommateurs et la croissance. HSBC révise notamment ses attentes en matière de PIB de +2.3 à +1.7% pour 2017 tandis que l’agence de notation Moody’s anticipe désormais +1.9% contre +2.5% auparavant.

Techniquement, le Peso mexicain a reculé d’environ 18% suite à l’annonce de la défaite d’Hillary Clinton avant de prendre ses distances avec ses récents records historiques, rebondissant d’un peu plus de 5%. Le timing semble donc idéal pour prendre le train en marche et initier une position longue sur la parité USD/MXN, le cours s’appuyant désormais sur une ancienne droite de tendance qui jouait auparavant un rôle de résistance.