(Actualisé avec commentaires de Trump sur Twitter)

WASHINGTON, 22 juillet (Reuters) - Les services de renseignement américains ont intercepté des conversations entre l'ambassadeur de Russie à Washington et sa hiérarchie dans lesquelles il dit avoir parlé avec Jeff Sessions de la campagne présidentielle de 2016 pendant son déroulement, et de sujets importants pour Moscou, dit le Washington Post.

Le ministre américain de la Justice, qui était alors conseiller diplomatique de Donald Trump, a reconnu avoir eu des contacts avec l'ambassadeur Sergueï Kisliak et a regretté de ne pas en avoir informé le Congrès. Il a assuré qu'ils ne portaient pas sur la campagne présidentielle.

Un membre de l'administration américaine ayant requis l'anonymat a confirmé à Reuters que les comptes rendus de deux conversations de Sergueï Kisliak avec Jeff Sessions avaient été interceptés par les services de renseignement, mais a jugé que ce n'était pas nécessairement compromettant pour l'Attorney General.

"La question est de savoir s'il (...) a parlé d'informations classées ou d'éventuels accords, par exemple sur une levée des sanctions si les Russes souhaitaient investir aux Etats-Unis ou s'ils avaient des choses sur (Hillary) Clinton", a ajouté un autre haut fonctionnaire au fait des écoutes.

En tant que ministre de la Justice, Jeff Sessions s'est déclaré incompétent en mars dans toutes les enquêtes sur les ingérences russes dans la campagne et les soupçons de collusion entre Moscou et l'équipe de Trump.

Selon un membre du gouvernement cité par le Washington Post, il a fait des déclarations "trompeuses", qui ont été "contredites par d'autres faits".

Citant un ancien haut fonctionnaire, le quotidien ajoute que Jeff Sessions et Sergueï Kisliak ont eu des discussions "importantes", notamment au sujet des positions de Donald Trump sur les thèmes impliquant la Russie et les futures relations de Moscou avec son administration.

Dans un entretien publié mercredi par le New York Times, Donald Trump s'est dit déçu que le ministre de la Justice se soit déclaré incompétent dans cette affaire, mais une porte-parole de la Maison blanche a assuré jeudi qu'il avait toujours confiance en lui, "sans quoi il ne serait pas Attorney General".

Samedi, Donald Trump est revenu sur ce dossier d'une ingérence russe dans la campagne présidentielle de l'an dernier pour se demander pourquoi Jeff Sessions et le procureur spécial Robert Mueller ne se penchaient pas aussi sur les "délits" commis par l'ancien chef du FBI James Comey ou sur "les 33.000 e-mails effacés par Hillary Clinton".

Le FBI l'an dernier a choisi de ne pas entamer de poursuites dans cette affaire de l'utlisation faite par l'ex-secrétaire d'Etat d'une adresse mail personnelle quand elle était à la tête de la diplomatie américaine.

Dans une série de messages sur Twitter, le président américain s'en prend en outre, comme à son habitude, à la presse et fait remarquer qu'en tant que président il dispose "du pouvoir absolu d'octroyer une grâce". (Eric Walsh et Jeff Mason, Jean-Philippe Lefief et Gilles Trequesser pour le service français)