(Actualisé avec accord signé)

par Mohammed Ghobari

SANAA, 21 septembre (Reuters) - Les rebelles chiites yéménites ont signé dimanche un accord avec les autres forces politiques du pays pour la formation d'un gouvernement plus représentatif et mettre fin à plusieurs jours de combats dans les rues de la capitale Sanaa.

Le Premier ministre, Mohamed Salem Bassindoua, avait auparavant remis sa démission au président Abd-Rabbou Mansour Hadi pour permettre la mise en oeuvre de l'accord, alors que les rebelles houtis avançaient dans la capitale Sanaa sans rencontrer une grande résistance.

Selon des habitants de Sanaa, les combattants houthis ont pris le contrôle d'un certain nombre de sites gouvernementaux, dont les bureaux du Premier ministre, un centre de commandement militaire et le siège de la télévision publique. Les émissions se sont toutefois poursuivies.

Plus de 100 personnes ont été tuées en quatre jours de violence entre les Houthis, qui luttent par intermittence contre le gouvernement central depuis une décennie, et des troupes loyales à un général accusé de considérer les chiites comme des hérétiques.

Après la signature de l'accord, la police militaire a commencé à reprendre les bâtiments publics pris par les rebelles, a indiqué l'agence de presse Saba.

Selon des personnes présentes à la cérémonie de signature, les représentants des Houtis, arrivés par vol spécial de Saada, leur province située à 540 km au nord de Sanaa, ont refusé de signer une annexe de l'accord qui prévoit la prise de contrôle par l'Etat des zones prises par les Houtis et la remise des armes prises lors des combats.

CESSEZ-LE-FEU IMMÉDIAT

Parmi les autres groupes qui ont signé l'accord au palais présidentiel, figurent une branche du groupe séparatiste Herak et le parti islamiste Islah.

La conclusion de l'accord avait été annoncée dimanche soir par l'émissaire spécial des Nations unies Djamal Benomar qui avait eu des entretiens avec le chef houti Abdelmalik al Houthi à Saada, mercredi et jeudi.

L'accord prévoit la formation d'un nouveau gouvernement d'union d'ici un mois et invalide dans une large mesure une décision impopulaire prise en juillet d'augmenter les prix des carburants.

Malgré le refus des Houtis - et d'un autre petit parti - de signer l'annexe, le président Hadi a immédiatement appelé à un cessez-le-feu. "J'appelle toutes les parties à travailler ensemble pour mettre en oeuvre les termes de cet accord à partir de ce moment", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours télévisé.

Outre un cessez-le-feu immédiat et la fin de toutes les violences, l'accord prévoit aussi "la formation d'un gouvernement national de techniciens qui travaillera à améliorer la transparence du gouvernement et à mettre en oeuvre des réformes économiques, en plus des réformes qui se poursuivent en matière de défense et de sécurité", indique le service de presse du gouvernement.

Les combats à Sanaa ont menacé la transition vers la démocratie prévue sous l'égide des Nations unies après les manifestations qui avaient contraint le président Ali Abdallah Saleh à la démission en 2012 après 30 ans de pouvoir.

Le Premier ministre démissionnaire était arrivé au pouvoir en 2011 comme chef d'un gouvernement d'unité nationale qui ne comprenait pas les Houtis. (Bertrand Boucey, Eric Faye et Danielle Rouquié pour le service français)