(Ajoute citations, réactions, contexte)

par Amanda Becker et Richard Cowan

WASHINGTON, 14 mars (Reuters) - Le Sénat américain a voté jeudi par 59 voix contre 41 une résolution annulant la procédure d'urgence nationale décrétée par Donald Trump pour débloquer des fonds nécessaires à la construction d'un mur à la frontière mexicaine.

Il s'agit d'un sérieux revers pour le président américain, douze élus républicains s'étant joints aux démocrates pour approuver le texte.

Sur Twitter, Donald Trump a immédiatement promis d'opposer son "VETO!" à cette décision du Congrès.

Un vote sera organisé sans doute le 26 mars - après une semaine de vacances parlementaires - pour tenter d'outrepasser le veto présidentiel attendu, mais la résolution devra obtenir au moins deux tiers des voix dans les deux chambres, ce qui paraît peu probable.

La question devrait en dernier lieu être tranchée devant les tribunaux.

Mercredi déjà, les sénateurs avaient approuvé une résolution recommandant que les Etats-Unis cessent de soutenir la coalition menée par l'Arabie saoudite dans le conflit au Yémen, affichant ainsi sa volonté de voir le président Trump se montrer plus ferme à l'égard de Ryad.

Donald Trump a promis là aussi d'opposer son veto à ce texte, s'il est approuvé par les représentants.

Pendant les deux premières années de son mandat, le président américain n'a jamais eu à utiliser son droit de veto, grâce au caractère accommodant d'un Congrès totalement contrôlé par les républicains. La donne a changé depuis que les démocrates ont gagné la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat de novembre dernier.

PAS DE CRISE, DISENT LES DÉMOCRATES

Le chef de la Maison blanche a déclenché l'urgence nationale il y a un mois après le refus du Congrès de lui octroyer les 5,7 milliards de dollars de budget qu'il réclamait pour construire son mur à la frontière mexicaine. Le bras de fer a déjà donné lieu à la fermeture partielle des institutions fédérales ("shutdown") la plus longue de l'histoire des Etats-Unis, entre les mois de décembre et janvier.

La procédure d'urgence signée le 15 février permet au président américain de contourner les prérogatives budgétaires normalement réservées au Congrès par la Constitution.

Les républicains ayant voté pour l'annulation de l'état d'urgence craignent qu'à l'avenir, les futurs présidents - y compris les démocrates - n'utilisent cette arme pour affaiblir le pouvoir législatif.

Le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, avait pourtant exhorté ses pairs républicains à rejeter la résolution adoptée par la Chambre des représentants en février. Il a estimé que le président américain "agissait dans le cadre de la loi".

Donald Trump a lui-même écrit sur Twitter que voter en faveur du texte revenait à voter pour la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, et pour les partisans "du crime et des frontières ouvertes".

Les démocrates rejettent l'idée d'une crise à la frontière mexicaine justifiant la déclaration d'urgence nationale, le nombre d'immigrés passant la frontière étant au plus bas depuis quarante ans.

"Les démocrates et les républicains connaissent la triste vérité : le président n'a pas déclaré une urgence parce qu'il y a urgence, il a déclaré une urgence parce qu'il a perdu au Congrès et veut le contourner", a déclaré le sénateur Chuck Schumer, leader de la minorité démocrate à la chambre haute. (Doina Chiacu Jean-Stéphane Brosse pour le service français)