Washington (awp/afp) - Le Venezuela, qui traverse une grave crise financière et politique, est "en violation" avec les règles du Fonds monétaire international (FMI), a déploré l'institution vendredi qui n'a plus accès aux données économiques complètes du pays.

Fournir les données relatives aux exportations et aux importations de marchandises ainsi que celles concernant les indicateurs économiques clés sont "une obligation de tous les membres du Fonds", rappelle le FMI.

L'institution de Washington souligne que l'accès à l'ensemble des données économiques "permet une surveillance efficace des évolutions macroéconomiques de chaque pays" ainsi que de leur impact sur les autres pays.

Les membres du conseil d'administration du FMI, qui se sont réunis vendredi, exhortent en outre le Venezuela "à adopter des mesures de rattrapage spécifiques et se réuniront dans les six mois pour examiner l'évolution du Venezuela".

Cette séance du conseil "prévue de longue date", assure-t-on au FMI, s'est tenue le même jour où le Venezuela a annoncé une réunion avec ses créanciers pour le 13 novembre à Caracas alors que l'hypothèse d'un défaut de paiement ne cesse de se renforcer.

Le Fonds monétaire espère que les autorités du pays vont "collaborer de nouveau avec le Fonds en fournissant des données régulières en temps et en heure". "Une telle coopération serait profitable au Venezuela et à la communauté internationale", a-t-il souligné.

Le FMI, qui compte 189 membres, n'a pas pu effectuer de mission économique dans le pays depuis 2004 et il n'a reçu depuis que des données incomplètes, a-t-on indiqué auprès de l'institution.

En théorie, le FMI peut "sanctionner" un pays en décidant de suspendre ses droits de vote. Il peut en outre interrompre les financements. Et dans le pire des cas, exclure un membre, ce qui est arrivé une seule dans l'histoire du FMI: c'était en 1954 avec la Tchécoslovaquie, a-t-on rappelé.

La dernière aide financière du FMI au Venezuela remonte à 2001 et le pays n'a pas fait de demande en ce sens depuis.

Asphyxié par la crise économique et les sanctions financières imposées par les Etats-Unis, le Venezuela avait annoncé jeudi une restructuration de sa dette extérieure, estimée à 155 milliards de dollars, afin d'éviter le défaut de paiement.

La situation financière de ce pays pétrolier est d'autant plus compliquée que le président américain Donald Trump a imposé en août des sanctions financières contre Caracas, interdisant l'achat de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela et la compagnie pétrolière nationale PDVSA.

"Je dis aux investisseurs du monde entier et aux détenteurs de dette vénézuélienne: je vous convoque le 13 novembre à Caracas pour lancer un processus de refinancement et de renégociation de la dette externe", a déclaré vendredi le chef de l'Etat socialiste.

Vendredi, le vice-président Tareck El Aissami, chargé de conduire ce processus, en a profité pour annoncer que le groupe pétrolier vénézuélien d'Etat PDVSA avait commencé à rembourser 1,1 milliard de dollars d'un bon à échéance 2017.

Si l'entreprise d'Etat avait raté le coche, le pays serait tombé automatiquement en défaut de paiement.

afp/rp