C'est la chenille qui redémarre

Le groupe américain Caterpillar (en musique, mais pas celle que vous croyez) va faire radier ses actions cotées en Europe, à Paris et à Zurich, a-t-il annoncé. Elles ne seront plus listées qu'à New York après ces deux opérations. La société a avancé les explications classiques : peu d'échanges à mettre en face des coûts de cotation et des contraintes administratives.

Dans un monde financier mondialisé qui a aboli un certain nombre de frontières et qui a facilité l'accès à de multiples supports d'investissement, la cotation d'actions américaines en Europe n'a plus beaucoup de sens. Ce qui n'est pas vrai en sens inverse, car de nombreuses entreprises européennes vont se faire coter aux Etats-Unis où les investisseurs ont les poches plus remplies et le goût du risque plus développé. Même les grandes entreprises sont tentées par Wall Street.

Avec le départ de Caterpillar, la cote parisienne ne comptera plus que GE Aerospace, le spinoff de General Electric, et le revenant Coty comme grandes sociétés américaines cotées. On y ajoutera Schlumberger, même si son immatriculation dans les Caraïbes (Curaçao) lui confère un code ISIN non-étasunien. Eli Lilly, International Flavors & Fragrances et Merck & Co avaient jeté l'éponge ces dernières années. Il y a deux autres dossiers sous ISIN "américains" sur Euronext Paris. Aerkomm (mais la société vient de fusionner avec un SPAC américain) et GT Biopharma (qui ne cote plus depuis 2020 en France).

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Les valeurs sous ISIN étranger cotées à Paris (Segro et GT Biopharma, qui ne cotent plus, ont été supprimées)

En France, la proportion de sociétés étrangères n'a cessé de reculer au cours des cinquante dernières années. Entre 1995 et 2010, elle est ainsi passée de 21 à 9%, selon des travaux de l'AMF. Actuellement, si l'on se cantonne aux valeurs cotées sur le marché réglementé (hors Euronext Growth et Euronext Access), on ne compte plus que 8,4% de sociétés "étrangères" cotées à Paris.

Et encore, la liste est à relativiser puisqu'une bonne partie des entreprises concernées ont des passeports non-français pour des raisons sentimentales fiscales, historiques ou organisationnelles. Cela explique par exemple l'amour de certaines multinationales pour les Pays-Bas (Airbus, Cnova, Euronext, Pluxee, Stellantis, STMicroelectronics, Technip Energies) ou pour le Luxembourg (ArcelorMittal, Aperam, SES, Sword malgré son ISIN FR). La France conserve aussi quelques cotations héritées de fusion, par exemple Nokia (qui a croqué Alcatel-Lucent) ou le duo Solvay / Syensqo (issue du mariage Solvay / Rhodia). Ainsi qu'un contingent de valeurs belges, qui bénéficient souvent d'une double cotation.

Lors de notre dernière mise à jour sur les valeurs étrangères cotées à Paris, en 2019, la cote hexagonale comptait encore des entreprises comme Vale, Diageo, HSBC, Holcim, AbbVie, Procter, Philip Morris et Ford, qui se sont toutes fait la malle depuis.

Le cacao boit la tasse

Le cours du cacao s'est pris une bonne claque hier. Il reste sur des niveaux stratosphériques, mais le mouvement est quand même très brutal, comme l'illustre le graphique du prix des principales matières premières agricoles ci-dessous :

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La baisse de 14% enregistrée sur l'ICE hier est la plus forte jamais enregistrée en une journée. Une exubérance logique au regard de la flambée des cours inédite dernièrement. La situation désastreuse de la production en Afrique de l'Ouest, où sont cultivées la plupart des fèves, est à l'origine de la forte hausse des prix. La baisse s'explique par un mouvement de correction après la spéculation effrénée. Beaucoup de traders avaient le doigt sur la gâchette en attendant ce moment, ce qui a probablement amplifié la chute. "Je pense que le marché a été submergé par des liquidations de positions longues, des ventes à découvert et de nombreuses transactions intrajournalières", livre un spécialiste du secteur.

Le cacao échéance juillet à Londres a chuté de 14,5% à 7 678 GBP la tonne sur la séance d'hier. Pour autant, l'équation de base sur le déséquilibre entre l'offre et la demande reste valable.

Les records du jour…

Plus hauts historiques pour Thales, Galp Energia et le duo suédois Alfa Laval / Atlas Copco aujourd’hui en séance. Galderma confirme son départ en trombes sur le marché depuis l'IPO.

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Source Zonebourse au 30/04/2024

 

C'est joli, mais on comprend pas encore tout

UBS a sorti une nouvelle forme d'étude qui se penche sur les mouvements de plusieurs classes d'actifs entre elles, et sur les mouvements au sein même des classes d'actifs. Je n'ai pas encore tout compris, mais la représentation est assez sympa, donc voici un exemple.

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Graphique UBS

L'objectif est d'identifier des actifs qui se comporteraient bizarrement en relatif. En rose les taux, en vert les indices, en jaune les matières premières et en bleu les devises. Le contour indique les rendements relatifs ajustés au risque observés au cours de la période (bleu = positif; rouge = négatif et blanc = neutre). La taille de la bulle reflète la proximité du comportement de l'actif par rapport à la tendance centrale du marché : des points plus petits suggèrent un comportement plus idiosyncratique au cours de la période donnée. Dernier point : les données utilisées courent du 28 février au 26 avril 2024. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris, mais j'y travaille.