Une midcap française haut perchée

23% de hausse en 2024. 48% sur un an et 95% sur trois ans. Linedata enchaîne les records depuis quelques séances, avec un pic à 68,60 EUR ce lundi. Pour rappel, la société avait été introduite en bourse en 2000 à 17 EUR pièce. Linedata est un éditeur mondial de logiciels et un prestataire de services à destination du secteur financier, en particulier l’asset management et le crédit/financement. Cette définition est probablement tout à fait adaptée puisqu'elle nous avait été donnée par le fondateur, Anvaraly Jiva, dans un entretien datant de 2021. Le groupe propose une offre mêlant le logiciel aux services et à la data. Linedata a bénéficié d'un appel d'air l'année dernière suite au rachat du gros acteur européen du secteur, SimCorp. La question de la succession d'Anvaraly Jiva, 72 ans et propriétaire de 75% du capital, se pose également.

Eramet, des deux côtés du mouroir

Eramet, dont le titre perd 16% en 2024, ce qui en fait l'une des dix plus mauvaises performances de l'indice SBF120, est confrontée à une situation difficile sur le marché du nickel. L'explosion de la production indonésienne tire les prix vers le bas et sabre la compétitivité de l'offre calédonienne. La patronne du groupe, Christel Bories a été interrogée dans le Financial Times sur la situation. Elle pense que les producteurs de nickel indonésien, qui pratiquent des prix très bas, vont finir par éliminer leurs rivaux au cours des prochaines années. A tel point que l'Indonésie pourrait truster les trois-quarts du marché du nickel le plus pur d'ici cinq ans. Le graphique qui suit permet de constater que l'explosion de la production en Indonésie est une réalité :

Statistique: Principaux pays producteurs de nickel dans le monde de 2013 à 2022 (en tonnes) | Statista
Source Statista

Eramet est dans une position hybride face au phénomène. D'un côté, le groupe est en première ligne en Nouvelle-Calédonie pour subir cette concurrence. De l'autre, il détient des parts dans la plus grande mine du monde à Weda Bay, en Indonésie. Il n'empêche, la situation est critique puisqu'une partie des actifs ne peut tourner sans subventions publiques. Ces dernières années, de grandes entreprises minières comme BHP ou First Quantum ont réduit la voilure dans le nickel en Australie. En Nouvelle-Calédonie, les trois principaux acteurs sont en grandes difficultés. Glencore a annoncé son intention de vendre ses parts dans Koniambo. Trafigura négocie pour sa part l'avenir de Prony Resources avec les autorités françaises.

Eramet, pour sa part, ne veut plus financer la SLN. Christel Bories pense, comme cela a été annoncé en marge des résultats la semaine dernière, qu'un accord est sur le point d'être trouvé pour réorganiser les fonds apportés par Paris et faire en sorte qu'ils ne pèsent pas sur l'endettement d'Eramet. Dans l'entretien accordé au FT, la dirigeante a écarté tout projet d'expansion en Nouvelle-Calédonie, notamment à Koniambo.

L'excès d'offre par rapport à la demande, qui pèse sur les prix, ne devrait pas cesser à court terme car la Chine investit fortement en Indonésie. "Remercions le financement chinois de l'exploitation minière indonésienne polluante pour ce gâchis", soulignait il y a quelques jours Pierre-Yves Gauthier, d'AlphaValue, en réaction aux annonces de Glencore sur sa sortie de Nouvelle-Calédonie.

Eramet

L'action Eramet a baissé sur cinq des sept dernières années. Sur 10 ans, elle s'affiche à -13%. La situation du marché du nickel n'est pas la seule cause de la sousperformance : le contexte économico-politique en Nouvelle-Calédonie complique singulièrement la donne.

Que faut-il acheter si les PMI rebondissent ?

Les indices PMI manufacturiers des grandes économies suggèrent qu'une embellie est en train de se profiler, notamment parce que la hausse des commandes dépasse désormais les stocks. Dans le même temps, les soutiens à la consommation sont en train de flétrir (les taux d'épargne baissent, les taux de défaut augmentent légèrement et les embauches ralentissent). Les actifs cycliques commencent à jouer le point d'inflexion des ISM. Sur la base de la relation historique avec l'ISM et des valorisations actuelles, les meilleures transactions pour jouer la thématique "être haussier sur le producteur et baissier sur le consommateur" cette année sont, selon Bank of America dans sa dernière mouture du Flow Show hebdomadaire.

  • Les matières premières
  • Les indices boursiers tournés vers l'export (KOSPI en Corée, OMX en Suède ou DAX en en Allemagne)
  • Les pays émergents hors-Chine
  • Trois catégories d'actifs ont déjà commencé à anticiper : les semiconducteurs, le Japon et l'immobilier. Il pourrait donc y avoir moins de potentiel ici (modulo les semis, qui sont pris dans leur bulle IA).

Apple pesait 12,3% des revenus de STMicroelectronics en 2023

Le dernier rapport annuel publié par STMicroelectronics permet de constater que les revenus en provenance d'Apple sont passés de 16,8% en 2022 à 12,3% en 2023. La marque à la pomme reste le plus gros client du groupe franco-italien, même si l'on est loin des niveaux de 2021 (20,5% des revenus) qui étaient très proches de la "période Nokia" de STM. William Beavington (Jefferies) rappelle que le groupe a prévenu le marché de cette décrue et que cela devrait se poursuivre. "Je pense que STM a perdu le capteur de lumière ambiante de l'iPhone 16 au profit d'AMS-Osram", ajoute l'analyste.

Autre enseignement puisé à la même source, la division automobile (ADG) de ST a bien tenu la distance en 2023, uniquement grâce à un effet prix XXL : +48%, alors que les volumes baissaient de 16%. Commentaire de Beavington "si la composition des produits, comme le passage des puces discrètes aux modules, joue un rôle dans ces fortes variations de prix et de volume, elle montre néanmoins que la croissance du volume des puces automobiles a peut-être été plus faible que les estimations du marché". Globalement, le marché des puces automobiles devrait rester assez volatile, ce qui risque de maintenir les multiples de valorisation des actions liées au secteur à un niveau assez bas. N'est pas Nvidia qui veut…

Nvidia justement ! William Beavington pense que la vigueur des perspectives de l'Américain est une bon indicateur pour VAT Group, ASML et ASM International. A défaut de fabricants de puces, autant aller chercher le fabricants de machines pour fabricants de puces. L'analyste pense aussi que l'offre de serveurs IA d'Infineon va monter en puissance, et signale que, par ricochet, Alphawave en profitera via une demande accrue pour ses puces de réseau de haute performance.