HANOI/WASHINGTON, 3 juillet (Reuters) - Le chef du Parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong, se rendra aux Etats-Unis du 6 au 10 juillet, une visite à forte charge symbolique que Washington espère décisive pour renforcer ses alliances en Asie face à la Chine.

Nguyen Phu Trong sera reçu mardi à la Maison blanche par Barack Obama, une entorse au protocole puisque ces entretiens ne sont d'ordinaire réservés qu'aux membres d'un gouvernement, mais qui souligne la grande importance accordée par le président à cette visite, selon un haut responsable du département d'Etat.

"C'est le numéro un, c'est un événement assez important", a dit ce responsable. "Il y a un large accord pour traiter cette visite comme celle du dirigeant d'un pays."

Anciens ennemis, les Etats-Unis et le Vietnam marquent cette année le 20e anniversaire de la normalisation de leurs relations, un processus qui s'est fortement accéléré depuis qu'il y a un an, les querelles territoriales entre Hanoï et Pékin ont conduit à un net refroidissement des liens entre les deux puissances communistes.

C'est un projet de plate-forme pétrolière chinoise dans un secteur de la mer de Chine du Sud revendiqué par Hanoï qui a mis le feu aux poudres en mai 2014 et déclenché des émeutes antichinoises au Vietnam. Washington dénonce régulièrement l'attitude de Pékin en mer de Chine méridionale.

"Nous avons maintenant davantage de pays d'Asie du Sud-Est qui regardent vers les Etats-Unis et forgent avec nous des relations plus fortes qu'elles n'ont jamais été, moins en raison de ce que nous avons fait qu'en raison de ce que la Chine a fait", déclarait la semaine dernière le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken.

EMBARGO

Les Etats-Unis espèrent que la visite du secrétaire général du Parti communiste vietnamien contribuera à accroître la confiance de Hanoï envers Washington. Le camp réformateur vietnamien plaide en faveur d'un renforcement des liens avec les Américains mais le camp conservateur reste toujours méfiant quant aux intentions de Washington.

De nombreux hauts responsables américains se sont déjà rendus au Vietnam, du secrétaire d'Etat John Kerry au sénateur John McCain, au général Martin Dempsey ou au secrétaire à la Défense Ash Carter.

L'ancien président Bill Clinton a rencontré jeudi Nguyen Phu Trong à l'occasion de la commémoration à Hanoï de la journée de l'indépendance. Il a qualifié la normalisation de 1995 de "l'une des plus grandes réussites" de sa présidence.

Beaucoup de choses ont changé depuis: le Vietnam est devenu le premier pays d'Asie du Sud-Est exportateur vers les Etats-Unis, et les échanges entre les deux pays totalisent 35 milliards de dollars. Hanoï participe aux négociations visant à créer un "partenariat transpacifique" (TPP) entre douze pays.

Un embargo sur les armes à destination du Vietnam a été assoupli en octobre dernier, ouvrant la voie à des manoeuvres militaires en commun et Hanoï discute avec des sociétés américaines du secteur de la défense, comme Lockheed Martin ou Boeing, selon des sources informées.

L'ampleur des contrats restera limitée tant que l'embargo ne sera pas totalement levé, mais Washington réclame au prélable une amélioration du bilan du Vietnam en matière de droits de l'homme. (Lesley Wroughton, Martin Petty; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)