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PARIS (AFP) -- Le chômage reste à des sommets: Pôle emploi recensait en juin 3,55 millions de chômeurs en métropole, une statistique toutefois obtenue à partir de données plus affinées que les mois précédents, rendant toute comparaison impossible.

A compter de cette publication, Pôle emploi accède à des données administratives plus complètes lui permettant de mieux connaître la situation des demandeurs d'emploi, ce qui conduit à faire changer de catégorie certains d'entre eux.

Avec cette nouvelle donne, l'opérateur a comptabilisé 3,82 millions de demandeurs en incluant l'Outre-mer, 5,70 millions en y ajoutant ceux ayant exercé une activité réduite au cours du mois, a annoncé lundi le ministère du Travail.

"Ce n'est pas un changement de modalité de calcul. On continue à mesurer le nombre de demandeurs d'emploi sur les listes de Pôle emploi de la même manière", a-t-on indiqué à Pôle emploi.

De nouveaux recoupements de données ont permis de mieux repérer des personnes en formation, en service civique ou en contrat aidé. Sur le mois de juin, le ministère évalue à environ 25.000 personnes au total le nombre de personnes sorties de ce fait des catégories A, B et C (sans activité ou avec une activité réduite).

Selon le cabinet du ministre du Travail François Rebsamen, jusque-là, "des demandeurs d'emploi n'étaient pas classés dans les bonnes catégories". Le changement assure "des chiffres plus fiables".

Il s'agit du deuxième mois consécutif où les chiffres de Pôle emploi ne sont pas interprétables. En mai, ils avaient été entachés par un "événement inhabituel": l'envoi de deux messages de relance supplémentaires aux chômeurs, par SMS et message vocal, afin de leur rappeler de penser à "actualiser" leur situation auprès de Pôle emploi.

Cette anomalie a abouti à doubler l'ampleur de la hausse, selon le ministère du Travail, qui avait refusé d'interpréter les chiffres.

- "Pas l'outil statistique le plus fiable" -

Ce mois-ci, au contraire, le ministre s'est risqué au jeu des comparaisons.

Il a noté une "stabilisation" en juin par rapport à mai (3,55 millions) et s'est réjoui d'un "ralentissement" de la hausse du chômage sur l'ensemble du premier semestre 2015 (+8.800 par mois en moyenne, soit deux fois moins qu'au second semestre 2014), y voyant un "signe encourageant".

Il a également noté une "baisse" du chômage des jeunes en juin (-1,1%) et "sur les six premiers mois de l'année", qui traduit, selon lui, "le succès" des dispositifs mis en oeuvre pour accompagner les jeunes en difficulté vers l'emploi (emplois d'avenir, Garantie jeunes).

Pôle emploi a recensé en juin 545.300 chômeurs de moins de 25 ans et, à l'autre bout de la pyramide des âges, 852.900 chômeurs de 50 ans et plus.

Par ailleurs, 2,38 millions de demandeurs d'emploi étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an.

Les aléas administratifs ne suffisent pas à expliquer la hausse quasiment continue enregistrée par Pôle emploi depuis début 2008. En sept ans et demi, plus de 1,5 million de chômeurs supplémentaires ont franchi le seuil d'une agence Pôle emploi en métropole, dont environ 630.000 depuis l'élection de François Hollande.

"Le président de la République continue d'attendre cyniquement une éventuelle embellie venue de l'extérieur, en multipliant les contrats aidés, sans se soucier de l'ampleur des drames humains qui se jouent chaque jour à cause de la hausse massive du chômage", a dénoncé Philippe Vigier, le chef des députés UDI.

De son côté, l'ancien ministre du Travail Eric Woerth (Les Républicains) s'est alarmé du fait que "le chômage augmente" en France alors qu'il "baisse réellement depuis des mois et des mois" dans les autres pays.

Quant à son collègue Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine, il a demandé "une commission d'enquête parlementaire pour connaître les vrais chiffres" du chômage.

Le gouvernement, lui, continue de croire en une inversion de tendance. Conforté par le rebond de croissance au premier trimestre (+0,6%) et les prévisions de l'Insee pour 2015 (+1,2%), M. Rebsamen annonçait récemment un "baisse effective du nombre de demandeurs d'emploi" pour "la fin de cette année".

Le temps presse pour le président François Hollande. D'ici à 2017, assurait-il le 14 juillet, "s'il n'y a pas de baisse du chômage, je l'ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat" à un second mandat.