"Vous avez révisé à la baisse votre estimation de production de blé en Europe ?
En Europe, nous étions en début d’année sur une estimation de la production du blé tendre de 133 millions de tonnes. Nous avons révisé à la baisse notre anticipation de 6 millions de tonnes en l’espace à 126,7 millions de tonnes contre 129 millions de tonnes en 2011.

Pour toute l’Europe de l’ouest, France, Allemagne, Royaume-Uni, on est à -30 -50% des précipitations par rapport à la normale, autrement dit 30 à 50% des précipitations moyennes des cinq dernières années... Le déficit hydrique est plus prononcé que l’année dernière. Le niveau des nappes est inférieur. Cela doit-il inquiéter ?
Ce qui est inquiétant, c’est que le manque d’eau débute beaucoup plus tôt que l’année dernière où le problème s’était développé en Avril-Mai. Des précipitations sont prévues pour ces jours-ci et pourraient venir détendre la situation.
A combien estimez vous à ce jour les pertes de surface sur le blé en France ?
Nous estimons au total les pertes de blé à 336000 hectares sur une surface semée de 5,1 millions d'hectares. C'est plus de 5% de pertes de superficie. Cela un impact significatif dans les bilans puisque près de 2 millions de tonnes peuvent disparaitre.
Il y eu quelques resemis de blé de printemps permettant de réduire les pertes à 280 000 hectares. Nous estimons la superficie 2012 à 4,8 millions d'hectares contre 5,01 millions en 2011.

A quel rendement vous attendez-vous dans le monde ?

Pour l’instant, nous travaillons avec des hypothèses de rendement à 3 tonnes par hectare contre 3,12 tonne par hectare en 2011. Les stocks devraient se situer à 200 millions de tonnes en fin décembre, en baisse de 12 millions de tonnes. «C’est encore un niveau de stocks confortable. Cependant le ratio stocks sur consommation redescendrait en dessous de 30%, moins qu’en 2010».

La situation est contrastée sur le maïs concernant la Chine. Pékin a annoncé des productions record, avec six mois d’avance sur la récolte. Parallèlement, des communiqués provenant des Etats-Unis signalent des problèmes en Chine et avancent la nécessité de procéder à des importations de plus de 9 millions de tonnes…

Il y a semble-t-il un problème de remontée des statistiques. Les chefs des provinces chinoises ont des subventions en fonction des niveaux de production atteints dans leur province. Ils sont alors tentés de surestimer régulièrement leur production.

Le ratio prix du mais sur prix du soja est-il en faveur du soja ?
Ce ratio prix du mais sur prix du soja est un indicateur qui permet de montrer la compétitivité du mais par rapport au soja dans les choix des assolements des producteurs américains.
Historiquement, l’équilibre était à 2,2. Au dessus de 2,2 les fermiers favorisaient le soja, en dessous de 2,2 ils favorisaient le mais. Depuis quelques années, les rendements de mais ont progressé davantage que les rendements de soja. Le seuil d’équilibre est vraisemblablement à plus de 2,4 aujourd’hui.
Le ratio est actuellement de 2,5/2,6. Il faudrait que cette situation perdure quelques semaines pour que les assolements américains de soja puissent évoluer à la hausse au cours des prochaines semaines d’autant plus que les conditions de semis de maïs sont favorables. Nous sommes à 7% de mais semé à l’heure actuelle.

L’arbitrage en faveur du soja ne pourra se faire que si le ratio demeure élevé suffisamment longtemps…
Ce changement se fera sur des zones qui ne sont pas des zones historiques de production.

Le colza est selon vous la matière première agricole qui présenterait le potentiel de hausse le plus important…
La situation européenne est très tendue sur le colza. Une production de 19 millions de tonnes est attendue pour 2012. Le froid a provoqué de graves dégâts et les cultures ont du mal à redémarrer partout en Europe. 1,5 millions de production est prévue en Pologne contre 1,87 en 2011, une estimation optimiste compte tenu des retours que nous des terrains. 5,2 millions de tonnes de production est envisagée en France contre 5,36 en 2011.

Le stock est très serré, de 1 millions de tonnes.
L’Europe va de nouveau être dépendante des importations. 3,5 millions d’importations sont anticipées.

Les portes d’approvisionnement sont peu nombreuses. Il y a un problème de disponibilité en Ukraine compte tenu du temps sec au semis. Le colza provenant du Canada est OGM donc pas importable. Reste le colza d’Australie qui ne sera disponible que plus tard dans la campagne.
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