"La Fed a-t-elle eu raison de repousser une nouvelle fois la hausse de ses taux d’intérêt en septembre ?
Le constat global est assez inquiétant avec le ralentissement de la Chine et la baisse du pétrole qui déstabilisent les pays émergents, la rechute du Japon et les faibles perspectives d’inflation en Europe et aux Etats-Unis. Cependant la consommation tire la reprise en Europe et aux Etats-Unis. Les résultats des entreprises sont plutôt bons. Malgré ces flux d’informations positifs, les marchés anticipent clairement de mauvaises nouvelles. La décision de la Fed de laisser ses taux inchangés mi-septembre n’a fait que renforcer ce sentiment négatif.

Le discours de Janet Yellen se veut pourtant optimiste puisqu'elle prévoit de relever ses taux avant la fin de l'année...
Le discours de la Fed n’est pas rassurant. Elle prévoit de relever ses taux, si la conjoncture le permet. Autrement dit rien n’est fait. Si les membres du FOMC étaient confiants dans la croissance de l’économie américaine, ils auraient relevé les taux en septembre. Au lieu de cela la Fed a abaissé ses prévisions d’inflation en laissant entendre qu’il faudrait du temps pour atteindre la cible de 2%. Cela a bien sûr des implications sur le calendrier de hausse des taux d’intérêt. Si les marchés ont intégré une première hausse de 0,25% à plus ou moins court terme, ils ne savent pas quel sera ensuite le rythme du resserrement. Là-encore, cela brouille l’horizon et fragilise les décisions d’investissement.

La BCE a-t-elle davantage de marges de manœuvre pour soutenir la reprise européenne ?
La politique monétaire de la BCE a aussi ses limites. Elle n’a pas réussi jusqu’ici à relancer l’inflation ni l’investissement. Mario Draghi en est bien conscient, c’est pourquoi il appelle sans cesse les gouvernements à faire les réformes qui s’imposent pour relancer la machine économique. Le problème de l’Europe est qu’elle est divisée. On le voit sur les sujets politiques (Grèce, migrants, etc) mais aussi économiques. 

Quelles conséquences ce climat d’incertitude a-t-il sur votre gestion ?
Nous sommes très prudents compte tenu de la faible visibilité et de la forte volatilité qui règnent actuellement sur les marchés. Nous sommes dans un « bear market » où il est très difficile d’investir dans le bon timing. C’est pourquoi nous avons augmenté la partie « cash » de nos portefeuilles qui représente désormais la moitié de nos investissements. Nous gardons une exposition aux actions, notamment de la zone euro, car nous estimons que leur baisse n’est pas justifiée au regard des fondamentaux. Cela dit, la tendance des marchés peut encore évoluer d’ici la fin de l’année. Les prochaines décisions de la banque centrale chinoise et du gouvernement chinois pourraient améliorer le sentiment des investisseurs si de nouvelles mesures de soutien sont annoncées."