PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le futur président de l'Autorité des marchés financiers (AMF) veut faire d'elle "le superviseur de référence dans l'Union Européenne" dans le contexte du Brexit. Robert Ophèle, jusqu'à présent second sous-gouverneur de la Banque de France, a reçu mercredi le feu vert des députés et sénateurs pour succéder à la tête de l'autorité à Gérard Rameix au début du mois prochain. Sa nomination, pour un mandat unique de cinq ans, avait été proposée par l'Elysée, la semaine dernière à l'issue d'une procédure de sélection inédite.

Lors de son audition par des députés, ce diplômé de l'Essec âgé de 60 ans, qui a fait toute sa carrière à la Banque de France, a estimé que le rôle du régulateur européen des marchés financiers, l'Esma, devait être "renforcé" et que l'AMF était appelée à prendre au sein de l'Esma une place "très importante et peut-être prépondérante après le départ de la FCA [ndlr : le régulateur] britannique".

Robert Ophèle a insisté sur la nécessité d'établir des règles communes à toute l'Union européenne (>> Urban Edge Properties). "La commercialisation de produits en libre prestation de services à l'intérieur de l'Union (…) appelle également une remise à plat sous l'égide de l'Esma de la coopération entre régulateurs", a-t-il ajouté. L'AMF a plusieurs fois déploré que le laxisme de certaines autorités ait permis la distribution de produits spéculatifs dans toute l'UE.

Robert Ophèle a estimé que la conception d'équivalence de la réglementation européenne avec celle des pays tiers devait être "complètement revisitée" dans ce contexte du Brexit. Alors que des acteurs basés en Grande-Bretagne cherchent à obtenir un agrément sur le continent pour garder un accès au marché de l'UE, il a insisté sur le fait que les "fonctions essentielles" de ces opérateurs ne devaient pas être "intégralement externalisées" hors de l'UE. "Evitons la boîte aux lettres" a-t-il prévenu, alors que les régulateurs se sont déjà lancés dans cette bataille. Le dirigeant a aussi estimé que la localisation à Londres de chambres de compensation importantes pour le système financier européen posait un "problème de souveraineté".

Considérant que l'AMF faisait face à un environnement "en profonde mutation" et notamment à un déplacement des risques des intermédiaires financiers vers les investisseurs, Robert Ophèle a enfin insisté sur la nécessité d'augmenter les moyens de l'AMF, sous peine de réduction de ses effectifs.

-Solenn Poullennec, L'Agefi. ed: ECH

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Valeurs citées dans l'article : Urban Edge Properties