(Actualisé avec porte-parole du gouvernement)

par Gerauds Wilfried Obangome

LIBREVILLE, 30 août (Reuters) - Le gouvernement gabonais a accusé mardi Jean Ping, qui s'est proclamé lundi vainqueur de l'élection présidentielle, de chercher à déstabiliser le pays et a mis en garde le parti socialiste français contre toute "ingérence" dans ses affaires intérieures.

Alors que l'ancien ministre des Affaires étrangères et le président sortant Ali Bongo s'accusent mutuellement de fraude au terme d'une âpre campagne, beaucoup craignent que l'annonce du résultat de l'élection - qui se joue sur un tour car c'est celui qui arrive en tête qui est élu - ne provoque des troubles.

Cette annonce est prévue aux alentours de 19h00 locales (18h00 GMT) et les autorités, selon lesquelles Ali Bongo est bien parti pour l'emporter, ont prévenu qu'elles ne toléreraient aucun autre résultat que celui qui sera officiellement annoncé par la commission électorale.

Pendant une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Nzé, s'en est pris à Jean Ping qu'il a accusé d'être "l'instigateur d'une déstabilisation qui menace le processus démocratique".

Il a également fustigé le parti socialiste français pour avoir déclaré dimanche que les résultats préliminaires donnaient Jean Ping vainqueur du scrutin de samedi, et dénoncé un retour de "la Françafrique".

"Nous conseillons au parti socialiste français de respecter notre souveraineté", a dit le porte-parole.

LA POPULATION S'ATTEND À DES TROUBLES

La population de la capitale Libreville constituait mardi des stocks dans les magasins, pour parer à des troubles. Des policiers étaient positionnés aux grands carrefours et des soldats déployés aux abords des stations-service et des banques.

L'ambassade de France a recommandé mardi aux ressortissants français de rester chez eux après 14h00 et de respecter les consignes de prudence.

"Il y aura des troubles et Ali va régler le problème avec ses soutiens(...). Nous craignons les débordements", déclarait mardi un fonctionnaire de 57 ans, dans un magasin de Libreville.

"Nous sommes dans une situation de suspense. Nous craignons les manifestations qui vont avoir lieu", disait pour sa part un autre habitant de la capitale, âgé de 33 ans.

En 2009, Ali Bongo l'avait emporté avec 41,73% des suffrages pour succéder à son père.

Lundi, la mission d'observateurs de l'Union européenne a pointé un "manque de transparence" au sein des institutions organisant le scrutin et a déclaré qu'Ali Bongo avait bénéficié d'une préférence dans l'accès aux ressources financières et aux médias.

"Nous avons noté que la mission (d'observateurs) avait outrepassés son mandat. La mission recherchait des choses qui n'ont rien à voir avec ce scrutin", a déclaré Alain-Claude Nué, porte-parole du président Bongo, en réaction à la déclaration de la mission d'observateurs de l'UE. (Eric Faye et Tangi Salaün pour le service français)