Londres (awp/afp) - Le marché des changes attend avec fébrilité le référendum constitutionnel en Italie, l'incertitude politique poussant les cambistes à se détourner d'un euro déjà malmené par une reprise économique toujours terne au sein de l'Union monétaire.

Les incertitudes politiques liées au référendum italien de dimanche ont tout au long de la semaine poussé les investisseurs à opter pour la prudence.

En effet, le résultat du référendum "pourrait provoquer une certaine volatilité (sur le marché des changes, NDLR) en début de semaine prochaine", a prévenu Simon Smith, analyste chez FxPro.

"Il y a encore beaucoup d'indécis, alors même si le camp du +non+ est en tête (des sondages), le résultat n'est pas encore acquis", a-t-il relevé.

Pour Tony Cross, analyste chez TopTradr, "le référendum pourrait (même) semer la pagaille sur les marchés lundi car il ne semble pas être pris en compte dans le cours" de l'euro.

Les Italiens doivent se prononcer dimanche sur une réforme de la constitution qui prévoit essentiellement de réduire les pouvoirs du Sénat, doté actuellement des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés, ainsi que de limiter les attributions des régions et de supprimer les 110 provinces.

Une victoire du non devrait être négative pour l'euro car cela jetterait une ombre sur l'avenir politique du Premier ministre, Matteo Renzi.

"Un veto des citoyens aux changements constitutionnels risque de conduire le pays vers des élections anticipées, qui pourraient avoir lieu dès le premier trimestre 2017, et faciliter la montée des populistes du Mouvement 5 Étoiles (M5S), qui a promis un référendum sur l'appartenance de l'Italie à l'euro", a expliqué de son côté Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group.

- Un 'oui' ne serait pas la panacée -

"À l'inverse, une victoire du oui ne règlera pas les problèmes de l'Italie (notamment les inquiétudes sur ses banques, NDLR), même si elle pourrait entraîner un léger rebond de l'euro" car elle serait susceptible d'atténuer les incertitudes politiques qui pèsent sur le pays à court terme, a tempéré Mme Ozkardeskaya.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Matteo Renzi et son gouvernement de centre-gauche en février 2014, la troisième économie de la zone euro a repris du poil de la bête mais elle reste à la traîne en Europe et, surtout, le secteur bancaire du pays reste éreinté par la crise financière et criblé de créances douteuses.

Les marchés financiers italiens sont fébriles depuis le début de l'année et régulièrement agités par la menace d'une faillite de banques du pays, comme cela s'est encore produit en début de semaine.

Et pour Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, une victoire "surprise" du oui risquerait d'être "à double tranchant".

"Le renforcement des pouvoirs de la chambre basse du Parlement aux dépens du Sénat pourrait (également) aider le Mouvement 5 Étoiles s'ils arrivent à remporter les élections générales prévues en 2018", a-t-il estimé.

Mais avant l'euro, c'est "la réaction du marché obligataire italien qui servira de baromètre à l'opinion des marchés", a prévenu Derek Halpenny.

"La BCE (Banque centrale européenne) pourrait ainsi être active sur le marché afin d'oeuvrer à limiter la volatilité des marchés financiers", a poursuivi M. Halpenny.

La BCE pourrait accélérer ses achats d'actifs en cas de besoin pour calmer les marchés, ce qui aurait pour effet collatéral de peser sur l'euro.

afp/rp