(Actualisé avec contexte, réaction)

WASHINGTON, 25 septembre (Reuters) - Le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, hostile au projet de Vladimir Poutine de faire de Dmitri Medvedev son Premier ministre, n'a pas l'intention de siéger dans le gouvernement qui sera formé à l'issue des élections législatives et présidentielle de 2012.

Vladimir Poutine, chef du gouvernement, a annoncé samedi sa candidature à un troisième mandat présidentiel après s'être entendu avec le président sortant Dmitri Medvedev, qui devrait devenir son Premier ministre.

Les élections législatives russes ont lieu le 4 décembre et la présidentielle le 4 mars 2012. Le parti au pouvoir Russie unie et son candidat sont donnés gagnants de ces deux scrutins. (Voir )

"Je ne me vois pas dans un nouveau gouvernement", a déclaré Alexeï Koudrine samedi lors d'une visite à Washington, en demandant que ses propos ne soient pas repris avant dimanche.

"Le fait est que personne ne m'a proposé de poste. Je pense que les désaccords que j'ai (avec les dirigeants actuels) ne me permettront pas de participer à ce gouvernement", a poursuivi le ministre, qui, selon certains, convoiterait lui aussi le poste de chef du gouvernement.

Prié de dire s'il accepterait un poste au gouvernement en cas de proposition, il a répondu: "Je déclinerais assurément."

Alexeï Koudrine est le ministre des Finances le plus anciennement en poste au sein du G8 et les investisseurs apprécient sa rigueur fiscale.

KOUDRINE, CONCURRENT DE MEDVEDEV ?

Il a exprimé samedi son désaccord avec Dmitri Medvedev en matière économique, notamment avec la volonté de l'actuel président d'accroître les dépenses militaires.

Il juge qu'une telle politique mettrait en péril les finances publiques de la Russie, qui dépendent des revenus du pétrole, dont elle est le premier producteur mondial.

"Avant la crise, notre budget était à l'équilibre avec un baril à 90 dollars, cette année avec un baril à 109 dollars et l'année prochaine avec un baril à 112 dollars", a-t-il rappelé. "Cette dépendance va perdurer et elle constitue un risque pour notre économie."

Alexeï Koudrine juge cependant que Vladimir Poutine, président de 2000 à 2008, a conscience de ces risques.

"Poutine sent très profondément les problèmes (du pays) et il y réagit", a-t-il dit. "J'espère qu'il jugera nécessaire d'entreprendre des réformes structurelles afin de renforcer le potentiel de notre croissance économique."

Comme Dmitri Medvedev, le ministre des Finances est un proche de Vladimir Poutine. Alexeï Koudrine a su gagner le respect des investisseurs qui le considèrent comme un garant de la stabilité financière. En constituant un fonds d'urgence à l'aide des revenus pétroliers, le ministre des Finances a permis à la Russie d'échapper à la crise économique de 2008.

"C'est un proche de Poutine, comme Medvedev. Peut-être est-ce une candidature au poste de Premier ministre", a commenté Roland Nash, responsable de la stratégie chez Verno Capital. (Lidia Kelly, Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief pour le service français)