Barack Obama a scandalisé les républicains la semaine dernière en proposant une augmentation de 1.600 milliards de dollars (1.200 milliards d'euros) de recettes fiscales et des baisses limitées des dépenses publiques.

Son principal interlocuteur républicain, le président de la Chambre des représentants John Boehner, a déclaré dans la foulée à qui voulait l'entendre que les négociations entre les deux camps en étaient au point mort, carrément dans "l'impasse".

Et pourtant, les observateurs à Washington prédisent que, d'ici une semaine, une fois les gesticulations d'usage terminées, démocrates et républicains se mettront sérieusement au travail pour pouvoir présenter à leurs troupes une solution acceptable en matière de réduction du déficit budgétaire.

Démocrates et républicains ont jusqu'au 31 décembre pour se mettre d'accord sur les moyens de réduire le déficit des finances publiques.

Faute d'accord entre la Maison blanche et le Congrès, dès le 2 janvier, l'ensemble des allègements fiscaux décidés sous George Bush et reconduits sous Barack Obama disparaîtront tandis que les dépenses publiques seront automatiquement réduites conformément à l'accord sur le relèvement du plafond de la dette négocié à l'été 2011.

Ce "mur budgétaire", que les Américains appellent aussi "falaise" et qui recouvre la coïncidence de ces deux événements distincts, risque de coûter cher à l'économie américaine en terme de croissance.

TRADITION

Le compromis tant attendu aura-t-il lieu pour Noël, une semaine avant la date fatidique d'entrée en vigueur des mesures automatiques de réduction du déficit? Ce n'est pas impossible. Sur la colline du Capitole, on est coutumier de ces périodes ou rien ne se passe et où un accord arrive finalement juste avant les vacances parlementaires.

Ces trois dernières années ont apporté leur lot d'accords de la dernière heure juste avant la pause de Noël, sur la santé en 2009, sur les prorogations d'allègements fiscaux en 2010 et sur la taxe sur les salaires en 2011.

Cette tradition est si ancrée que de nombreux élus ont l'habitude, parfois à tort, de rejeter toute annonce -dans un sens ou l'autre- qui serait faite plus d'une semaine avant une période de congé.

"Le Congrès ne joue pas la montre, il travaille en fonction du calendrier", résume le sénateur républicain du Missouri Roy Blunt, depuis 15 ans au Congrès. "Il y a seulement ce moment qui arrive où quelque chose doit se produire parce que le temps est écoulé."

Et dans l'intervalle, souligne-t-il, "il y a le désir de maximiser ses positions de négociation jusqu'à ce qu'on n'ait plus aucune marge de négociation. C'est pratiquement toujours comme ça que ça marche".

Donc, compte tenu de la tradition qui prévaut à Capitol Hill où il faut une date limite précise pour débloquer les situations les plus inextricables, le rythme des négociations entre démocrates et républicains sur le "mur budgétaire" va s'accélérer à partir de cette semaine.

TROP TÔT

Pour ne pas avoir à travailler pendant Noël, les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, vont sans doute trouver un accord ou au moins un accord pour parvenir à un accord.

Il n'y a pas de séance de négociations officiellement prévue, mais toute une série d'interventions publiques, à la télévision ou ailleurs, permettront d'affiner les positions.

Le président démocrate pourrait ouvrir le bal dès ce lundi. Il doit faire une apparition publique, bien que non liée au thème économique. Sinon, il pourrait se lancer mardi, devant l'Association nationale des gouverneurs nationaux, ou mercredi, lors d'une réunion de la Business Roundtable, le groupe de lobbying du patronat à Washington.

Si Barack Obama saisit l'occasion, John Boehner ne manquera pas de répondre.

Il ne faut toutefois pas s'attendre à des déclarations de part et d'autre qui représentent des concessions spectaculaires. C'est beaucoup trop tôt.

"A mon avis, on en est au début", a déclaré le sénateur démocrate Max Baucus vendredi soir sur CNN. "Il reste encore 30 jours avant d'entrer dans le mur, comme ont dit. Je pense que dans une semaine environ, nous entrerons dans la phase sérieuse des négociations", a poursuivi ce spécialiste des questions fiscales.

De fait, dimanche, dans leurs diverses interviews dominicales, ni le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, tête de pont de Barack Obama dans les négociations, ni John Boehner, n'ont rien dit de nouveau.

Tim Geithner s'en est tenu à sa demande d'une hausse d'impôt immédiate pour les foyers dont le revenu net est supérieur à 250.000 dollars par an. Et John Boehner a maintenu son souhait de voir le gouvernement présenter un plan "sérieux" concernant la réduction du déficit budgétaire avant toute concession sur les recettes fiscales.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André

par Richard Cowan