MADRID, 22 janvier (Reuters) - Le pape François, qui a réagi vendredi à l'investiture de Donald Trump en espérant que ses décisions seraient guidées par les "valeurs spirituelles et éthiques", appelle dimanche à la patience avant de juger sur ses actes le nouveau président des Etats-Unis.

"Je crois que nous devons attendre et voir ce qu'il fera (...) Nous ne pouvons pas être des prophètes du malheur", déclare le pape dans une longue interview accordée au quotidien espagnol El Pais.

"Nous verrons comment il agit, ce qu'il fait et j'aurai alors une opinion. Mais avoir peur ou se réjouir à l'avance de quelque chose qui pourrait advenir est, à mon sens, plutôt mal avisé", ajoute-t-il.

Dans cette interview, le chef de l'Eglise catholique met également les Européens en garde contre le populisme, leur enjoignant de ne pas reproduire les erreurs des années 1930 en se tournant vers de prétendus "sauveurs".

"Les crises provoquent des craintes, des alertes. Pour moi, l'exemple le plus typique du populisme européen c'est l'Allemagne en 1933 (...) Un peuple submergé dans une crise qui a cherché son identité jusqu'à ce que ce dirigeant charismatique (Adolf Hitler) se présente et promette de lui rendre son identité, mais qui lui a rendu une identité pervertie et nous savons tous ce qui s'est passé", explique le pape argentin, né Jorge Mario Bergoglio dans une famille issue de l'émigration italienne des années 1920.

"Hitler n'a pas volé le pouvoir, son peuple a voté pour lui puis il a détruit son peuple. C'est le risque."

"Le danger en temps de crise, c'est de chercher un sauveur", ajoute-t-il. (Julien Toyer; Henri-Pierre André pour le service français)