(Ajoute déclaration supplémentaire de Trump)

par Julia Harte et Timothy Gardner

IZMIR, Turquie, 13 octobre (Reuters) - Le pasteur américain Andrew Brunson, objet d'une crise diplomatique entre Washington et Ankara, est arrivé samedi aux Etats-Unis après avoir quitté la Turquie vendredi dans la foulée de sa remise en liberté au terme de deux ans de détention.

Après une escale en Allemagne pour une visite médicale, son avion a redécollé à destination de la base militaire d'Andrews, près de Washington.

Il a ensuite retrouvé le président Donald Trump dans le bureau ovale où il s'est agenouillé avant de prier pour son oncle.

Donald Trump avait adressé plus tôt ses remerciements à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan mais ce dernier lui a immédiatement rétorqué sur Twitter que la libération d'Andrew Brunson résultait non pas de son implication mais d'une décision pris en toute "indépendance" par la justice turque.

"Notre sentiment à l'égard de la Turquie a changé par rapport à avant, et je pense que nous avons une chance de vraiment nous rapprocher avec la Turquie", a déclaré le président américain aux journalistes depuis le bureau Ovale, niant une nouvelle fois qu'un accord a été conclu entre Washington et Ankara pour la libération d'Andrew Brunson.

Le pasteur, qui vivait en Turquie depuis plus de 20 ans, était accusé d'entretenir des liens avec des séparatistes kurdes et des partisans de Fetullah Gülen, opposant turc réfugié depuis 1999 aux Etats-Unis, auquel Ankara impute le coup d'Etat manqué de juillet 2016.

Transféré en résidence surveillée en juillet dernier après 21 mois de détention, Andrew Brunson a été condamné à trois ans et un mois et demi de prison, mais le tribunal d'Aliaga, au nord d'Izmir, dans l'ouest de la Turquie, a considéré vendredi qu'il avait purgé sa peine.

"UN PAS NÉCESSAIRE MAIS INSUFFISANT"

Les tensions diplomatiques liées à son cas ont accéléré la baisse de la devise turque et aggravé la crise financière. Coté américain, la libération du pasteur à permis à Donald Trump de marquer des points auprès des chrétiens évangéliques, avant les législatives du 6 novembre.

Outre l'affaire Brunson, les relations entre les deux Etats membres de l'Otan ont été mises à mal par le soutien américain aux rebelles kurdes du nord de la Syrie, mais aussi par la commande turque d'un système de défense antimissile russe et l'arrestation aux Etats-Unis d'un banquier turc soupçonné de violations des sanctions imposées à l'Iran . Ankara exige par ailleurs l'extradition de Gülen.

Pour Jon Alterman, directeur de la section Moyen-Orient au Centre d'études stratégiques et internationales de Washington, la libération du pasteur est "un pas nécessaire, mais loin d'être suffisant pour combler le fossé qui s'est creusé entre les Etats-Unis et la Turquie". Un ancien membre de la NASA possédant les nationalités turque et américaine est toujours détenu en Turquie pour terrorisme et trois employés locaux du consulat américain ont également été arrêtés. "Nous espérons que le gouvernement turc libérera rapidement les autres citoyens américains détenus et le personnel @StateDept employé localement", écrit le secrétaire d'Etat Mike Pompeo sur Twitter. (Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)