Lorsqu'on parle de torpeur estivale sur les marchés financiers, il est plutôt question du cœur du mois d'août que de la fin du mois de juillet, durant laquelle se télescopent souvent énormément d'informations. Ne serait-ce que parce que c'est le rush des publications de résultats semestriels pour les entreprises, qui se dépêchent de solder leurs obligations légales avant le départ en congés de leurs directions financières. Le millésime 2021 du 19 juillet au 6 août verra passer la quasi-totalité des grandes sociétés cotées. Il faut ajouter à cela les décisions de politique monétaire de la Banque centrale européenne le 22 juillet et de la Fed le 28 juillet et quelques indicateurs macroéconomiques de poids pour saupoudrer le tout.

Cet enchaînement est important pour plusieurs raisons. Côté entreprises, les investisseurs cherchent à déterminer si le boom des résultats promis sera au rendez-vous. Il n'y a plus de consensus sur ce point, essentiellement à cause d'une pandémie qui est loin d'être sous contrôle. Je parie que l'on va rapidement reparler de ce qui est culturellement, économiquement et politiquement acceptable. Ce débat était passé au second plan au premier semestre, car nous avions recommencé à raisonner de façon binaire en faisant rimer vaccination avec fin des restrictions. Comme souvent, la réalité est plus complexe. Les gouvernements savent désormais que les objectifs d'immunité seront difficiles à atteindre compte tenu de la défiance envers la vaccination, si bien qu'ils vont recommencer à raisonner en termes de capacités de leurs systèmes de santé à vivre avec la pandémie. Dans un tel contexte, la trame d'une reprise longue et débridée est moins évidente. Les perspectives mises à jour des entreprises nous en diront un peu plus sur leur degré de confiance et les scénarios qu'elles ont échafaudés pour la suite de l'année et au-delà.

Autre sujet brûlant, la politique monétaire. Certaines banques centrales commencent à fixer de nouveaux caps plus sobres. C'est fait depuis la mi-juin aux Etats-Unis. C'est latent au Royaume-Uni. La BCE a fixé un nouvel objectif d'inflation mais n'est pas aussi avancée que ses consoeurs anglosaxonnes. La résurgence du coronavirus un peu partout dans le monde et en particulier en Europe risque de forcer la banque centrale à maintenir une politique de colombe plutôt de que faucon, pour reprendre la sémantique américaine. Mais la faction orthodoxe de la BCE, dont les chefs de file sont en général les représentants allemand et néerlandais, risque de ruer dans les brancards, même si elle a moins voix au chapitre que par le passé. Ce décalage entre les politiques monétaires des grandes banques centrales, puisque la BCE a l'air d'être enfermée dans une fuite en avant perpétuelle, est source de distorsions et de confusion pour les marchés.

Résultats des entreprises et politiques monétaires sont accompagnés de quelques autres événements marquants, je l'écrivais plus haut avant de me perdre dans les réflexions pandémico-monétaires. D'abord, l'Opep+ est parvenue à un accord d'augmentation de production sans aller au clash. Le cartel a lâché du lest au profit de quelques pays producteurs pour pérenniser l'accord de contrôle du pompage jusqu'à la fin de l'année 2022. Les cours pétroliers étaient sous pression depuis la semaine dernière à cause de perspectives économiques moins flamboyantes que prévu et de l'offensive environnementale de la Commission européenne. Ils restent baissiers après l'annonce de l'Opep+, qui officialise une production un peu plus élevée à moyen terme que ce qui était envisagé. Il faudra aussi surveiller en fin de semaine les indicateurs PMI Flash de juillet, qui sont de bons baromètres du moral des milieux d'affaires puisqu'ils sondent les directeurs d'achats. La semaine suivante, ce sont en particulier les PIB américain, allemand et français du second trimestre qui seront publiés. Je vous avais promis du lourd pour cette fin juillet.

Pour finir, il y aura donc pas mal de publications de résultats d'entreprises emblématiques cette semaine. Notamment BlackRock, International Business Machine, Netflix, Johnson & Johnson, ASML, The Coca-Cola Company, Microsoft, SAP, Novartis, Roche et Unilever.

Le CAC40 perd 0,9% à 6400 points à l'ouverture. L'actualité concernant le variant delta du coronavirus est nettement plus anxiogène, même si elle a l'air d'épargner encore les Etats-Unis. Elle fait les gros titres à Londres où les restrictions sont levées ce 19 juillet alors, c'est cocasse, que Boris Johnson est à l'isolement en tant que cas contact de son ministre de la santé. Elle fait les gros titres à Tokyo où les jeux olympiques sont à deux doigts de tourner au fiasco. Elle fait les aussi les gros titres à Paris ou à Séoul.

Les temps forts économiques du jour

L'indice des prix immobiliers de juillet compilé par la NAHB américaine sera publié à 16h00.

L'euro évolue légèrement au-dessus de 1,18 USD. L'once d'or a perdu un peu de hauteur à 1813 USD. Sur le marché pétrolier, l'accord trouvé par l'Opep+ fait reculer les cours du Brent à 72,70 USD et du WTI à 71 USD. Le rendement de la dette américaine recule à 1,28% sur 10 ans. Le Bitcoin s'échange autour de 31 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ArgenX : KBC passe de conserver à acheter en visant 300 EUR.
  • Ateme : Midcap Partners passe d'achat à neutre en visant 20 EUR.
  • Autoliv : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1029 à 1042 SEK.
  • Credit Suisse : Barclays reste à surpondérer avec un objectif réduit de 12,50 à 12 CHF.
  • Essity : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 289 à 336 SEK.
  • Finnair : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 0,70 EUR.
  • Getinge : Handelsbanken passe d'acheter à conserver en visant 360 SEK.
  • Kemira : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 15,20 à 16 EUR.
  • Oncopeptides : ABG Sundal Collier passe d'acheter à conserver en visant 64 SEK.
  • Prosus : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif abaissé de 142 à 135,90 EUR.
  • Puma : Goldman Sachs reste acheteur avec un objectif relevé de 114 à 118 EUR.
  • Rio Tinto : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif réduit de 8310 à 8250 GBp.
  • Roche : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 330 à 345 CHF.
  • Scor : Commerzbank passe de conserver à acheter.
  • Siemens Gamesa : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 20 EUR.
  • Swiss Re : Commerzbank passe d'acheter à conserver en visant 93 CHF.
  • Tate & Lyle : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 850 à 880 GBp.
  • Trainline : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 520 à 350 GBp.
  • Yara : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 465 à 480 GBp.

En France

Annonces importantes

  • Pershing Square renonce à entrer au capital d'UMG (Vivendi), mais Bill Ackman va investir via d'autres supports.
  • Capgemini va racheter l'australien Empired pour 233 MAUD.
  • L Catterton, le fonds d'investissement sponsorisé par LVMH, rêve de bourse.
  • Ubisoft confirme ses objectifs 2021/2022 malgré le report de deux de ses titres importants.
  • Valneva et Pfizer finalisent le recrutement de l'essai de Phase 2 pour leur candidat vaccin contre la maladie de Lyme.
  • Albioma remporte 12 MWc de projets solaires en Outre-mer.
  • Carmat vend un premier cœur artificiel en Italie.
  • Casino étend la maturité de sa dette.
  • Nathalie Roos devient directrice générale d'Ipsos.
  • Riber reçoit une commande machine MBE en Asie.
  • Olympique Lyonnais transfère Melvin Bard à Nice pour 3 M€.
  • EuropaCorp veut faire transférer sa cotation sur Euronext Growth.
  • Ateme et Theradiag ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • John Elkann (Agnelli) a étudié un rapprochement avec Armani dans le cadre d'un plan visant à créer un conglomérat de luxe autour de Ferrari, selon Reuters.
  • Zoom Video Communications va acquérir le fournisseur de logiciels de cloud Five9 pour 14,7 Mds$.
  • Passe d'armes entre la Maison Blanche et Facebook sur la vaccination.
  • Johnson & Johnson pourrait transférer dans une nouvelle entreprise ses actifs de talc pour bébé, sous le coup d'un contentieux potentiellement coûteux, avant de demander la protection de la loi sur les faillites, a appris Reuters.
  • Toyota retire ses publicités télévisées en lien avec les jeux olympiques de Tokyo.
  • Telstra en pourparlers pour racheter Digicel Pacific dans le cadre d'une offre soutenue par le gouvernement australien.
  • Tencent rachète le britannique Sumo pour 1,3 Md$.
  • Ingersoll Rand a approché SPX Flow avec une offre à 3,5 Mds$ mais aurait été éconduit, selon le Wall Street Journal.
  • Rivian retarde la livraison de ses premiers véhicules à septembre.
  • SGS publie des résultats en amélioration et assez proches des attentes au S1.
  • Canon relève ses prévisions annuelles.
  • Partners Group prend 75% de l'italien Eolo sur la base d'une valorisation de 1,2 Md€.
  • Zegna va entrer en bourse à New York en fusionnant avec un SPAC.
  • Dormakaba finalise le rachat de l'indien Solus Security Systems.
  • Principales publications de résultats. BHP Group, BlackRock, International Business Machine, Zoetis, Vinci, Assa Abloy, SGS, Barco, Sthree, Wereldhave

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