Vendredi 28
juin
Le point hebdo de l'investisseur
intro Propulsées dernièrement à la hausse par la perspective de baisses de taux en Europe et aux Etats-Unis, les principales places financières ont marqué une pause cette semaine, dans une logique de prudence avant le sommet du G20. Les opérateurs restent préoccupés par les tensions géopolitiques et surtout par les tractations commerciales sino-américaines. La rencontre entre D. Trump et Xi en marge du sommet devrait être déterminante et constituera vraisemblablement le principal catalyseur des prochaines séances.
Indices

Sur la semaine écoulée, les places financières ont consolidé sans réelle intensité.
En Asie, le Nikkei a grappillé 0.08%, le Hang Seng a gagné 0.31% alors que le Shanghai Composite a perdu 0.77%.
 
En Europe, le CAC40 a gagné 0.2%, le Dax 0.5% et le Footsie 0.1%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal est resté stable, l'Espagne a perdu 0.4%, l'Italie 0.8%, tandis que la Grèce a poursuivi son rattrapage, avec une performance hebdomadaire de +3.5%.
Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Dow Jones cède 0.6% sur la semaine, le S&P500 recule de 0.7% après son record historique du 21 juin et le Nasdaq100 perd 1%.

Graphique du CAC40 GR

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L'indice CAC40 GR (dividendes réinvestis) évolue à son plus haut niveau historique.
Matières premières

Les cours pétroliers évoluent en petite hausse cette semaine. L'attention des opérateurs est toujours portée sur le détroit d'Ormuz, dans un contexte d'escalade des tensions dans la région du Golfe et d'inquiétudes sur le respect de l'accord du nucléaire iranien. L'autre événement majeur est à chercher du côté de l'OPEP+, qui se réunira le 1er et le 2 juillet pour décider d'étendre la réduction de la production. Le baril de Brent se négocie à 66.2 USD tandis que le WTI se traite à 59.2 USD.

L'or a le vent en poupe et progresse sur la semaine à 1412 USD, soutenu par les tensions géopolitiques ainsi que par l'orientation des taux obligataires. A noter qu'il n'en est rien pour l'argent, qui perd du terrain sur la semaine à 15.27 USD l'once.
Du côté des métaux de base, ces derniers ont fini la semaine en ordre dispersé. Le nickel et l'aluminium progressent respectivement de 4.3% et 2.2% à 12665 USD et 1782 USD tandis que le zinc et l'étain inscrivent une performance hebdomadaire négative à 18875 USD et 2518 USD.
Marchés actions

Ça bouge sur les valeurs aurifères.
L'indice canadien a la particularité d'être très exposé aux valeurs aurifères. Plus de 11% des composantes du TSX Composite (indice canadien) oeuvrent dans le marché des métaux précieux.
Depuis le franchissement à la hausse des 1400 USD du coté de l'once, après six années de léthargie, les arbitrages se font à l'avantage du secteur spécialisé sur le métal doré.

Alors que le TSX se stabilise sur un mois glissant (-0.2%) et que l'ensemble des secteurs accomplit des replis graphiques, les actions des sociétés minières caracolent en tête des performances, à l'image d'une compagnie qui mérite bien son appellation : Eldorado Gold (voir graphique). Cette firme de Vancouver gagne 58% sur un mois glissant. La particularité de cette société canadienne réside dans le fait que ses mines, principalement d'or, se trouvent dispersées en Turquie, Grèce, Canada et Brésil.

Forte poussée du titre Eldorado Gold

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Marché obligataire

Depuis le début de l'année 2019 et encore plus particulièrement sur le mois de juin, la pression sur la courbe des taux des principales économies européennes reste constante. Il ne serait pas impossible de voir pour la première fois toute la courbe des taux allemands passer en territoire négatif, ce qui est déjà le cas pour la Suisse, dont l'emprunt à 30 ans se traite sur une base de rendement de -0.04%.

Concernant les références à 10 ans, les emprunts souverains se maintiennent proches des records. Le Bund s'inscrit à -0.31% alors que l'OAT française se négocie à zéro. La dette italienne affiche une baisse de rendement à 2.08% ainsi que celle de l'Espagne à 0.38%.
Le Japon, les Pays Bas et surtout la Suisse gardent leurs taux négatifs sur cette échéance, alors que le TBond US se situe à 2%, soit à 26 points de base seulement du deux ans américain (1.74%).
Marché des changes

Les principales paires n'ont que peu évolué, avec des cambistes qui attendront la fin du G20 pour arbitrer leurs positions. Néanmoins, au cours de cette semaine, des indicateurs économiques meilleurs que prévu, dont l'indice PMI en Allemagne ont soutenu l'euro qui s'échange à 1.138 USD. En contrepartie, le billet vert cède du terrain depuis les indications de la Fed sur ses intentions de baisser les taux. La parité USD/CHF se traite à 0.97. La devise helvétique continue d'être privilégiée, à l'image de la paire EUR/CHF, évoluant dans un creux de deux ans à 1.11 CHF.

De son coté, la livre sterling reste engluée dans les profondeurs à 1.27 USD, avec une totale absence de volatilité depuis deux mois. La monnaie britannique se situe également au plus bas annuel face à l'euro (0.898 GBP).
Volatile depuis plusieurs semaines, la livre turque vient de faire un bond à 5.75 par dollar, suite à la défaite d'Erdogan aux élections d'Istanbul.

Dans l'hémisphère sud, malgré les récentes baisses de taux, les devises rebondissent. L'AUD se redresse à 0.70 USD et à 75.5 JPY (+150 points pour les deux couples). Même parcours haussier pour le dollar néo-zélandais qui gagne 250 points face au billet vert 0.67 USD.

Consolidation du dollar index

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Le dollar index montre des signes de faiblesse, après les propos accommodants de la Fed et la perspective d'une baisse des taux, matérialisés par la cassure d'une oblique haussière en vert sur le graphique.
Statistiques économiques

Cette semaine, l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne est ressorti comme attendu à 97.4, tout comme la 1ère estimation de l'indice des prix à la consommation pour le mois de juin, à 1.2%. Le sentiment économique dans la zone euro est tombé à son plus bas niveau depuis 2016, à 103.3 points.
Aux Etats-Unis, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond a reculé, passant de 5 à 3 (consensus 7). La confiance des consommateurs, dévoilée par le Conference Board, a également déçu à 121.5. Les commandes de biens durables sont ressorties en repli de -1.3% alors qu'elles étaient anticipées stables. Le PIB trimestriel reste conforme aux attentes, à 3.1%. L'indice du Michigan, a quant à lui, battu le consensus (98.2 contre 97.4 attendu). Enfin, les stocks de pétrole brut se sont contractés de 12.8 millions de barils, contre seulement 2.7 millions anticipé et les inscriptions hebdomadaires au chômage se sont révélées supérieures aux attentes (227K contre 220K).

La semaine prochaine, les investisseurs prendront connaissance des indices PMI, du taux de chômage, de l'indice des prix à la production et des ventes au détail en zone euro.
Outre-Atlantique, les indices ISM et les créations d'emplois ADP seront publiés en début de semaine, avant le rapport sur l'emploi vendredi (salaire horaire moyen, créations d'emplois et taux de chômage).
Un premier semestre contrasté

Le récent rebond alimenté par la tonalité très accommodante des banquiers centraux a ramené les indices sur leur haut de valorisation 2019. A la veille d'un sommet du G20 où vont se rencontrer les acteurs du conflit commercial, conflit qui obstrue depuis des mois la visibilité sur la croissance économique mondiale, il parait délicat de définir toutes les anticipations incluses dans la hausse du marché, hormis les espérances monétaires.
Pour résumer, que faudra-t-il pour voir le marché poursuivre son ascension?
En attendant, les investisseurs peuvent se réjouir d'un excellent premier semestre qui voit les indices inscrire des records.
Néanmoins cette réjouissance se trouve confrontée aux inquiétudes manifestées par des achats massifs de dettes souveraines (à taux négatifs) et par des stratégies de couvertures intensives sur le marché actions.
Les six premiers mois de l'année pourraient, par conséquent, se résumer à « un marché content mais un peu... inquiet ».