BUJUMBURA, 25 avril (Reuters) - Le parti au pouvoir au Burundi a annoncé samedi avoir entériné la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat de cinq ans à la tête du pays, une décision qualifiée d'anticonstitutionnelle par l'opposition.

A la veille du congrès du Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), les opposants avaient prévenu l'ancien mouvement rebelle hutu qu'ils descendraient dans la rue si celui-ci ne renonçait pas à soutenir la candidature du chef de l'Etat.

Mais Pierre Nkurunziza a ignoré ces mises en garde. "Rien n'arrêtera le CNDD-FDD", a-t-il assuré samedi.

Les partisans du président de la République, qui occupe aussi la fonction de chef du gouvernement, estiment que celui-ci peut briguer un troisième mandat, ce qu'interdit normalement la Constitution, car il avait été désigné par le Parlement lors du premier, et non au suffrage direct.

Le président du parti au pouvoir, Pascal Nyabenda, a par conséquent lancé une mise en garde à l'opposition.

"Nous appelons nos opposants au calme, nous les invitons à participer à l'élection et à rivaliser avec Nkurunziza dans les urnes", a-t-il déclaré après avoir annoncé la décision de son parti.

"Nous appelons les forces de sécurité et la police à agir contre quiconque descendrait dans la rue pour manifester", a-t-il ajouté.

La sécurité a été renforcée dans la capitale Bujumbura, où plusieurs mouvements d'opposition et organisations de la société civile ont promis de manifester en cas de candidature de Pierre Nkurunziza à l'élection du 26 juin.

Agathon Rwaza, candidat malheureux à la présidentielle de 2009 et dernier commandant rebelle à avoir déposé les armes, a estimé qu'une telle candidature remettrait en question l'accord de paix d'Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile en 2005.

Il n'a toutefois pas appelé ses partisans à descendre dans la rue, tout en disant "soutenir ceux qui veulent manifester" et en les appelant à "éviter la violence".

(Patrick Nduwimana; Tangi Salaün pour le service français) )