(Nouvelles violences, réaction américaine, CPI)

BUJUMBURA, 8 mai (Reuters) - Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, a déposé vendredi sa candidature à un troisième mandat lors de l'élection présidentielle du 26 juin prochain, malgré la mobilisation de l'opposition.

Cette décision a déclenché de nouveaux affrontements à Bujumbura, la capitale. Dans la soirée, des centaines de manifestants ont affronté la police dans le quartier de Nyakabiga.

Les détracteurs du président manifestent depuis deux semaines contre sa nouvelle candidature, selon eux contraire à la Constitution du pays et à l'accord d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile en 2005.

Le Conseil constitutionnel a donné cette semaine son feu vert au président, qu'il juge en droit de se présenter à nouveau en juin dans la mesure où il n'a pas été élu au suffrage universel pour son premier mandat.

"Pour moi, le calendrier électoral doit être respecté", a déclaré Pierre Nkurunziza après le dépôt de sa candidature.

"Je tiens à dire que le Burundi est calme à 99%. Les manifestations n'ont lieu que dans un petit secteur de Bujumbura", a ajouté l'ancien chef de la rébellion hutue.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, Fatou Bensouda, a publié vendredi un communiqué soulignant que la Cour "suivra de près les événements au Burundi dans les semaines à venir et prendra note de tout acte de violence ou de toute incitation à la violence".

Aux Nations unies, la représentante américaine Samantha Power a fait état d'informations crédibles selon lesquelles des armes sont distribuées aux miliciens qui soutiennent le président Nkurunziza.

A l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité consacrée au Burundi, elle a affirmé que Washington n'hésitera pas à imposer des sanctions aux responsables de nouvelles violences.

Les affrontements entre partisans de l'opposition et forces de l'ordre ont fait 17 morts depuis le 26 avril, selon la Ligue Iteka, un mouvement de défense des droits de l'homme. Plus de 50.000 Burundais se sont réfugiés au Rwanda, en Tanzanie et en République démocratique du Congo. (Patrick Nduwimana, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)