Richard Barley,

THE WALL STREET JOURNAL

Il devient difficile de ne pas s'apitoyer sur le sort de la Banque centrale européenne (BCE).

Après avoir péché en augmentant ses taux en 2011 parce que le taux d'inflation dans la zone euro était tiré vers le haut par les cours des matières premières, elle se trouve maintenant pressée d'assouplir sa politique car les prix de l'énergie et de l'alimentation font baisser l'inflation. La zone euro semble aujourd'hui davantage menacée par un mouvement de panique provoqué par la crainte d'une déflation que par le phénomène de déflation lui-même.

Volatilité des prix de l'énergie et de l'alimentation

Alors que l'inflation dans la zone euro a reculé à 0,3% en août, après 0,4% en juillet, les appels à de nouvelles mesures de politique monétaire, dont de vastes rachats d'emprunts souverains, se font de plus en plus pressants. Mais une fois de plus, l'essentiel du déclin provient des prix volatils de l'énergie, de l'alimentation, du tabac et de l'alcool. Si l'on exclut ces éléments, l'inflation dans la zone euro a progressé à 0,9% en août, contre 0,8% en juillet.

Il pourrait être justifié qu'une banque centrale accorde peu d'attention à une telle évolution. En outre, les appels les plus forts en faveur de nouvelles mesures de la BCE proviennent d'hommes politiques enclins à éviter des décisions difficiles et de marchés "accros" aux largesses des banques centrales.

Si la baisse des prix de l'alimentation et de l'énergie apporte une bouffée d'oxygène aux ménages et aux entreprises, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose. Mais plus l'inflation reste basse pendant longtemps, plus elle risque de devenir un problème si, par exemple, elle commence à entrer en ligne de compte dans les accords salariaux.

Menace géopolitique

Evidemment, la zone euro est confrontée à d'autres problèmes, dont l'octroi trop faible de crédit et une croissance extrêmement atone. Mais la BCE a déjà annoncé une série de mesures en juin pour y remédier. Avec la chute de l'euro, les niveaux historiquement bas des rendements obligataires et une série à venir de prêts à long terme en faveur des banques, les conditions pourraient être réunies pour que l'inflation - et la croissance - se redresse enfin.

Compte tenu de l'impact potentiel de la crise ukrainienne sur la fragile économie européenne, les tensions géopolitiques pourraient constituer un meilleur argument que la faiblesse de l'inflation en faveur d'un assouplissement de la politique monétaire de la BCE.

-Richard Barley, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck)