KINSHASA, 24 janvier (Reuters) - Les parlementaires congolais vont purement et simplement supprimer, lors d'un vote dimanche, la disposition du projet de réforme électorale à l'origine des manifestations qui ont fait 42 morts cette semaine en République démocratique du Congo (RDC), a annoncé samedi le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku.

"La ligne en question va être purement et simplement supprimée", a-t-il dit à des journalistes à Kinshasa.

Des émissaires occidentaux ont rencontré samedi le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis quatorze ans, pour lui demander de renoncer à son projet qui prévoyait un recensement national avant la tenue de la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2016.

Pour l'opposition, il s'agissait d'un stratagème visant à permettre à Kabila, qui ne peut briguer un autre mandat, de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 car un recensement devrait prendre plusieurs années.

Le week-end dernier, l'Assemblée nationale avait approuvé le projet de loi en y englobant la clause de recensement.

Mais vendredi le Sénat avait modifié l'article 8 de la loi en soulignant bien que la mise à jour des listes électorales devrait être terminée dans le délai prévu par la Constitution pour la tenue des élections législatives et présidentielle, en 2016.

Quarante-deux personnes ont été tuées dans les manifestations depuis lundi dernier, à Kinshasa et dans d'autres grandes villes, ont déclaré des organisations de défense des droits.

Des émissaires des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Belgique (ancienne puissance coloniale), de l'Union européenne et de la mission de maintien de la paix en RDC ont rencontré Joseph Kabila à sa résidence de Kinshasa, a déclaré un diplomate occidental sous le sceau de l'anonymat.

"Les ambassadeurs ont rencontré le président pour le mettre en garde contre le risque d'aboutir à une situation qui échapperait à tout contrôle, en raison de la modification de la loi électorale qui a provoqué tant de tensions", a dit ce diplomate.

Les mêmes émissaires ont rencontré les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale pour leur demander de renoncer à la clause touchant au recensement de la population. Ils devaient aussi rencontrer des dirigeants de l'opposition.

Une commission conjointe des deux chambres est réunie depuis vendredi pour surmonter les divergences sur le texte. (Aaron Ross; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)